samedi 12 mars 2011

marcher dans le désert.


Je me reconnais quand je rencontre un cowboy, j’ai l’impression qu’on vient de quelque part qui se ressemble et qui sent presque pareil. J’ai l’impression que j’ai le droit d’être malade de n’importe quoi parce qu‘ils sont malade et qu‘on s‘en fou. Ils sont souvent un peu fou les cowboys, j’aime les fous. Celui qui l’dis c’est celui qui l’est je sais. C’est fou.
 
Lui il m’a eu avec sa face de cowboy. Il a des rides au bout des yeux comme s'il avait plissé des yeux longtemps au soleil ou comme s'il avait souri toute sa vie ou pleuré aussi peut-être. Il a la peau dure comme un rhinocéros j’suis sure que même si je lui mordais la face avec mes canines je pourrais pas lui faire mal ça m’impressionne, j’sais pas comment sa barbe fait pour sortir de là en si grande quantité. Il a une face de vieux cowboy qui a prit trop d’alcool et de cigarettes. Il a l’air d’avoir vécu beaucoup, trop peut-être des fois. C’est beau en maudit ça me donne envie d’être une cowgirl juste pour le suivre dans son désert. C’est parce qu’il a le désert imprimé dans les yeux dans les oreilles sur les joues sur le menton sur le front partout quand tu regardes bien bien bien de proche mais de moins proche de jour en jour. Le désert ça fait un peu peur mais plus peur comme j’ai envie de faire des folies pendant toute la nuit même si je travaille demain matin juste pour savoir où ça peut aller jusqu’où ça peut nous mener. Pis je suis certaine que si je m’approchais très très très proche de son visage ça sentirais un peu comme le vieux livre.
 
- Ça te tentes tu de jouer au cowboy?
 
Je lu ai demandé
 
- T’es tu glé?
 
Il m’a dit
 
- Oublie pas ton manteau y fait frette dehors.
 
Je suis sortie à la course j’étais super excitée c’est un fou il fait peur mais peur comme ça donne envie de faire des folies pendant toute la nuit même si je travaille demain matin juste pour savoir où ça peut aller jusqu’où ça va nous mener, pas peur comme j’ai envie de me sauver. Moi j‘me sauve des gentils qui font pas peur du tout c‘est comme ça je suis malade moi.
 
J’ai rempli mon sac avec beaucoup de bières pis j’suis sortie.
 
Dehors je lui ai dis
 
- T’es malade toi.
 
Il m’a dit
 
- Celui qui l’dis c’est celui qui l’est.
 
Il a raison.
 
J’ai dis
 
- Dépêche toi pour m’amener pour me kidnapper j’suis geléé j’ai oublié mon manteau pis y fait frette dehors mais j’ai amené d’la bière.
 
Il m’a dit que lui aussi.
 
Il m’a écouté et il m’a kidnappé.
 
Je fréquentais un gentil garçon dans ce temps là mais tsé comme on dit, qui part à la chasse perds sa place. J’ai perdu un gentil garçon pour un cowboy mais c’est correct parce que c’était pas vraiment ma place et que j’aime pas vraiment la chasse.
 
Il parait que mon papa quand il était jeune c’était un cowboy pour de vrai de vrai. J’pense que j’ai un peu de ça en dedans de moi, j’pense que si quelqu’un prenait le temps de bien bien bien regarder il pourrait voir du désert partout sur mes pieds sur mes chevilles sur mes jambes sur mon ventre sur mes fesses sur mes bras dans mon cou dans ma face même en dessous de mes bras. Dans les lignes sur le bord de mes yeux quand je souris aussi et quand je pleure. Y en a pas beaucoup mais y en a de plus en plus de jour en jour, peut-être que le désert s’étends aussi. Mais le désert ça fait peur. Peur comme ça fait faire des folies. Dans mon désert je cours je cours mais je peux pas vraiment partir j’atterri tout le temps sur une partie de mon corps, c’est une partie de mon désert à moi, surement une partie de ma maladie aussi.
 
Mon papa c’était un vrai de vrai cowboy il avait les cheveux longs il fumait des cigarettes pas de filtre et il mettait des bottes à longueur d’année. Je suis sure que de proche proche proche il sentait un peu la terre et peut-être même que si on regardait bien bien bien on pouvait voir des fois des grains de sable dans son poil.
 
Je me reconnais quand je rencontre un cowboy j’ai l’impression qu’on vient de quelque part qui se ressemble et qui sent presque pareil. Quelque chose qui se rapproche de l’odeur d’un vieux livre. J’ai l’impression que j’ai le droit d’être malade de n’importe quoi parce qu‘ils sont malade et qu‘on s‘en fou. Ils sont souvent un peu fou les cowboys, j’aime les fous. Celui qui l’dis c’est celui qui l’est je sais.
 
Il m’a kidnappé et il est revenu me porter à la maison au matin pour que je puisse aller travailler (comme un gentil garçon). Il est revenu me chercher presque tous les soirs pendant trois semaines. Il m’amenait à la lisière d’une forêt mais jamais on a eu les pieds dans le sable jamais, y avait quelque chose qui me disait que c‘était interdit de s‘approcher de son désert, qu‘on pouvait rester pris dedans, peut-être comme lui. Il est revenu me chercher presque tous les soirs pendant trois semaines. Après il est retourné dans son désert je crois, je ne l’ai pas recroisé dans mon coin en tout cas.
 
Je suis sure que si quelqu’un regardait bien bien bien il pourrait voir mon désert à moi partout sur mes pieds sur mes chevilles sur mes jambes sur mon ventre sur mes fesses sur mes bras dans mon cou dans ma face et même en dessous de mes bras. Dans les lignes sur le bord de mes yeux aussi qui se sont allongées. C’est comme ça, c’est pas une maladie grandir, sauf qui faut pas rester pris, après on devient fou, on deviens malade je pense, on devient cowboy peut-être. Faut pas rester petit dans un corps de grand, il faut grandir bien c’est tout. Je pense. Sinon c’est risqué d’être pris pour marcher dans le désert tout le temps.

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