lundi 28 mars 2011

Bonne nuit c'est tout.


Ça ne va pas comme ça lui chante parce qu’elle chante mal c’est temps-ci. Elle à mal à la gorge, la voix qui grince. C’est parce qu’elle ne veut plus parler. Alors ça ne va pas comme ça lui chante c’est temps-ci. Elle a mal aux oreilles aussi. Ses amies lui demandent c’est quoi qu’elle veut pas entendre comme ça elle se dit que c’est pas mal toute qu’elle veut pas entendre ces temps-ci. Elle veut plus rien entendre et elle ne veut plus parler. Elle a juste envie de chuchoter et de se coucher c’est tout. Pis de dormir sur ses deux oreilles blessées. De chuchoter bonne nuit bon dodo à demain p’têtre. Elle a envie de se coucher pis de se dire que demain c’est la grasse matinée.
 
Elle a mal dans l’dos aussi elle a perdu le do, ça va pas comme ça lui chante. Ça va comme une mauvaise chanson trop longue pas de do pas d’oreilles pas de voix. Elle veut plus entendre la musique c’est pour ça.
Elle a juste envie de se coucher c’est tout. Pis de retrouver son do p’têtre demain p‘têtre tard demain genre midi. Elle a envie de se coucher pis de se dire que demain elle va pas travailler.
 
Ça ne va pas comme ça lui chante parce qu’elle chante mal c’est temps-ci. Elle à mal à la gorge, la voix rauque, c’est parce qu’il ne faut plus parler. Elle a mal aux oreilles aussi, c’est parce qu’il ne faut plus entendre. Il faut juste chuchoter et se coucher c’est tout.

Pis dormir sur ses deux oreilles retrouver son do et ronfler toute toute toute la journée.

Bonne nuit c’est tout.

Tempête.


Mon p’tit corps en noir et blanc frissonne. Il vente froid dehors, il vente fort. Il vente pour replacer les choses avant le printemps surement. Sur le bord de la fenêtre avec mon p’tit corps en noir et blanc je souffle froid, je souffle fort. Pour replacer les choses avant le printemps, pour replacer les choses de mon bord.
 
Je souffle vide le ventre, c’est comme si le dedans de mon bedon partait avec le vent vers le nord. J’ai besoin de voyage. Mon petit corps-valise est grand ouvert mon dedans part dans le vent. Il fait froid dehors, il vente fort.
 
Mes petites lèvres serrées essayent de souffler froid de souffler fort pour replacer les choses de mon bord. Sur le bord de ma fenêtre avec mon p’tit corps noir.
 
Et blanc, le vent, souffle trop fort. Il replace les choses de son bord.
 
Mon p’tit corps sur le bord de la fenêtre froid fort, regarde s’envoler, le vent vente fort.
 
Voir s’envole, ça voit sa voix par en dedans seulement, mon p’tit corps-valise noir et blanc qui frisonne voit juste noir, en dedans, des coins pleins de poussière blanche sur la toile noire.
 
Y vente froid, y vente fort, y vente noir, les choses bougent et ne se placent pas. Le dedans de mon p’tit corps-valise vole voyage et mon corps noir vide reste.
 
Sur le bord de la fenêtre à fumer des cigarettes qui s’envolent, blanc, dans le vent.

vendredi 25 mars 2011

Une sorcière aux bobépines


J’aimerais ça rencontrer un gars qui m’dirait ça te tente tu d’écouter des miquettes en mangeant des céréales? J’aimerais ça avoir une date à 8 heures du matin en pyjama avec quelqu’un qui dit miquettes comme moi qui trouve que dessins animés c‘est laitte. C’est sur j’irais m’acheter un pyjama neuf parce que dans mes p’tits shorts carottées on voit toute mes fesses. J’irais m’acheter un beau pyjama confortable qui traine à terre avec une p’tite camisole pis un gros chandail à capuchon par dessus. Y serait je sais pas quelle couleur encore mais y aurait l’air d’être mon vieux pyjama sans être mon vieux pyjama. Y aurait l’air de on est bien dormir avec ce pyjama là ça donne envie de se coller en p’tite boule pis de se sentir comme dans de la ouate pis de fermer les yeux pis de faire hmmmm ou plein de p’tits sons comme ça.

J’aimerais ça rencontrer un gars qui m’dirait on se rejoins vers 8h00 chez moi j’habite tout seul j’ai des froot loops pis on va écouter des miquettes ça te tente tu? Ça me tenterais en maudit même que je pourrais manger ses froot loops pas de lait toute la journée pis il aimerait les mauves au boutte parce que j’aime pas les mauves moi je suis plus orange. Il me dirait tu veux boire quelque chose? Je lui dirais oui merci un jus d’orange (pas de vodka ou peut-être tantôt sur l‘heure du midi quand on sera peut-être tout nu parce que tu habite tout seul). Je trouverais ça sexy qu’il habite tout seul comme ça je pourrais oublier plein d’affaire partout et il saurait que c’est mes affaires partout. Je laisserais des bobépines (en vrai c’est bobby pin mais il dirait bobépine comme moi) à côté de son divan sur sa table de salon pis surement partout sur le plancher pis sous son oreiller. Je laisserais une bobépine sous son oreiller pis sous son lit. Il dormirait super mal comme dans l’histoire de la princesse pis quand je reviendrais je l’enlèverais il dormirait super bien et il se dirait ça doit être à cause de son pyjama qui à l’air d’être son vieux pyjama qu’on à envie de dormir avec pis de s’coller pis de se sentir dans la ouate pis de fermer les yeux pis de faire hmmm enfin j’peux dormir bien dans mon lit. Y aurait des bobépines qui se faufileraient entre les craques du plancher pis qui s’y sentiraient bien comme collé en p’tite boule dans de la ouate pis qui feraient des racines dans son appart de gars tout seul. Sous son plancher de bois y aurait un beau lit de racines de bobépines de sorcière pis y serait bien juste quand je serais là parce qu’y à juste les filles qui piquent qui font peur aux racines de bobépines ça s’annule, même en dessous de son lit y aurait un beau sommier de racines de bobépines de sorcière aussi. Y saurait c'est comment qu'on se sent quand ça pique mais ensemble ça s'annulerait on s'annulerait on serait 0 1 2 3 4 même 5 peut-être dans plus longtemps avec le temps.
 
J’aimerais ça rencontrer un gars qui m’dirait ça te tente tu d’écouter des miquettes en mangeant des céréales à 8h00 du matin dans mon chez moi tout seuls. Ça serait beau pis doux sauf que le problème c’est que moi vu que j’pique j’suis plus tu veux quoi à boire du jus d’orange avec de la vodka pis à 8h00 du matin ça donne mal à l’estomac. Je laisserais une bobépine en dessous de son lit pis peut-être que je reviendrais pas peut-être que j’serais plus du style à courailler su’a rue Sainte-Catherine peut-être que j’me parfumerais à la térébenthine.
 
Au pire on pourrait se rencontrer à 8h00 du soir pour manger des froot loops secs avec du jus d’orange pis de la vodka pis écouter des miquettes même si yé 8h00 du soir. À 8h00 du matin le lendemain on pourrait rester coucher pis faire hmmmm pis plein de p’tits sons comme ça même pas de pyjama pis il viendrait me porter un verre de jus d’orange dans un pot masson parce que ça serait son genre de boire dans des pots masson. J’mettrais le pot de jus d’orange sur son lit de gars qui habite tout seul pis peut-être qu’on le ferait tomber on ferait surement hmmm pis plein de p’tits sons comme ça.
 
Une coupe de semaines plus tard y s’rendrait compte que je suis la sorcière aux bobépines pis y rirait pis y dirait tu m’as bien eu ma p’tite sorcière. On peinturerais 1 mur ou 2 en noir mes p’tites bobépines se sentiraient chez elles pis moi avec pis on serait 0 1 2 3 4 même peut-être 5 à être bien avec le temps.

On s'rait bien.
 
 
Pis la j’pourrais recommencer à mettre mon vrai vieux pyjama.


Peut-être que ça arriverait, si je rencontrais un gars qui m’disait ça t’tente tu d’écouter des miquettes en mangeant des céréales?

mardi 22 mars 2011

Y a tu des trous dans l'Pôle Nord?


Y a des dinosaures dans mon lit. Tsé ceux là avec les grands cous pis les grandes queues. Moi je les appelle les longs cous les longs coups y too mais c’est des brachiosaures je pense. Y a des dinosaures dans mon lit tout le temps pis ça me fait peur c’est comme si j’étais toujours en danger la nuit. Mon lit c’est un champ de brachiosaures y s’promènent avec leur longs cous pis des fois ils me font mal. Ils me font mal à mon p’tit corps tout nu fragile dans mon lit de fille toute seule pas trop toute seule dans l‘fond. Les hommes sont tous un peu des dinosaures je pense, ou en tout cas ils en laissent un peu partout sur leur passage. Les brachiosaures sont pas supposé être méchants ils mangent des feuilles je crois mais moi ils me font peur avec leur longs cous pis leur longues queue pis souvent ils me font mal. Je pense qu’ils sortent par en dessous des bras oui, ils grandissent dans le poil du dessous de bras dans le beau p’tit nid chaud où que c’est l’fun de mettre sa tête quand ça sent bon y sortent de là pis y s’perdent dans mon lit pis y restent là.
 
Quand je l’ai rencontré lui il croyait pas aux dinosaures y m’croyait pas que je venais du pays des dinosaures il disait ça s’peut pas arrête de m’dire des niaiseries. Moi j’voulais dire j’ai peur des longs cous pis des longues queues qui s’promènent dans mon lit parce que ça m’fait mal tout l’temps mais il comprenait pas il disait juste que ça s’pouvait pas de connaître le pays des dinosaures. Ça me faisais vraiment plaisir qu’il soit dans ma vie tsé, parce qu’il faisait peur aux dinosaures c’était comme un animal encore plus fort. Et il était doux. Des fois j’avais mal encore.
 
Je pense que dans la vie au pays des dinosaures y a des brachiosaures courageux qui s’aventurent où y a des animaux encore plus fort et d’autres qui s’enfuient. Je pensais qu’avec le temps si j’le gardais assez dans mon lit mon animal encore plus fort même les courageux allaient s’enfuir.
 
Mais le pire, c’est que lui y vient avec un corps pis un ventre super doux pis des fesses super belles pis des épaules carrées pis des cheveux frisé qui volent pis la peau blanche pis un grand coeur en d’sous de tout ça qui bat grand grand grand. Avec son coeur qui bat grand grand grand il à chassé des branchiosaures oui. Tout d’un coup j’savais pu quoi faire tsé, c’est comme si son coeur en d’sous de son beau corps blanc pouvait me chasser aussi c’était comme trop fort son coeur qui cogne pis ça m’a fait mal. Mais mal en dedans tsé pas mal comme les maudits longs cous pis les maudites longues queues. Mal dans mon p’tit corps tout nu fragile dans mon lit de pas toute seule pentoute maintenant.
 
Faque j’suis partie avec ma brosse à dent pis mon parfum pis mon savon pis mes trois t-shirts pis 2 p’tits dinosaures courageux pour aller me faire faire mal ailleurs mais moins mal que là, j’ai pensé, peut-être. J’suis partie en me demandant si y avait un trou dans mon oreiller ou dans mon matelas où cé que mon coeur se sauve ou sont allé les dinosaures y à tu un trou dans l’Pôle Nord (parce que ça expliquerait ben ben ben d'autres affaires aussi)? Au nord de moi y a des trous plein de trous ça adonne que les têtes de brachiosaures fittent parfaitement dedans pis qui vente fort vers le nord depuis un boutte. Qu’est-ce qu’on va faire quand y vont être vieux quand y vont courber le dos quand y vont ramollir quand y vont mourir les dinosaures? qu’est-ce que j’va faire quand ça va être le temps de patcher les trous avec d‘autre chose que des cous pis des queues de brachiosaures? Peut-être que j’me prendrai un animal plus fort. Mais maintenant pour maintenant je dirais que non.

 
 En attendant pour bien patcher pour mal m’en sortir j’me cherche des dinosaures, ceux aux longs cous pis aux longues queues j’men vais je veux habiter chez eux.
 
J’pense encore à Michel Rivard j‘pense que c‘est lui qui m‘a mis toute ça dans tête quand j‘étais p‘tite pis qu‘il me répêttait où sont allé les dinosaures où sont allé les dinosaures où sont allé les dinosaures, moi je l‘savais déjà dans c’temps là (dans mon lit, tsé) mais lui ça ben l‘air qu‘y le savait pas. Maintenant que j’sais c’est quoi un animal plus fort j’me demande où les trouver moi aussi les ostie de comique de dinosaures qui se sont enfuis.
Pourquoi les absents ont toujours tord? Où sont allé les dinosaures?

Pourquoi toujours
Les yeux mouillés?
Combien de rêves
Avant l'aurore?
Où sont allés les dinosaures?

 
Y demandais aussi dans sa chanson, dis moi le nom d’un homme heureux. Dis moi le nom d’une homme heureux voir. Peut-être qu’on retrouvera les dinosaures?
 
Qu’est-ce qu’on va faire quand
y vont être vieux quand y vont courber le dos quand y vont ramollir quand y vont mourir? Qu’est-ce que j’va faire quand ça va être le temps de patcher les trous avec d‘autre chose que des cous pis des queues de brachiosaures?  

 

 


J’pense qui va falloir se trouver un animal beaucoup plus fort.



Ou s'aimer mieux aussi mais maintenant pour maintenant je dirais que non.

samedi 19 mars 2011

Brouillon

Quand on est tout le temps ensemble on oubli à quoi ressemble la maison quand on est seul la nuit. Quand t’es là c’est ta face pis ta voix pis ton corps pis toute qui prennent toute la place dans la maison. Ta face ton corps pis toute qui prennent toute la place dans mon champ de vision. Je suis comme pleine de reflets de ta face pis toute tout le temps sur mon p‘tit corps à moi. On se reflète on s’obstine souvent presque tout le temps, c’est un peu comme de la sérigraphie la vie. On s’imprime, des fois ça marche pas, on est deux gros brouillons (je suis tellement brouillon tout le temps tu m‘le reproche souvent). Ça peut pas faire autrement avec le temps, y a trop de dessins un par dessus l’autre, ça a bougé avant d’être bien fixé des fois, c‘est flou souvent. Je suis brouillon parce qu’on a fait plein de dégâts sur moi aussi mais je l’sais, tu veux rien entendre de ça, ça te frustre parce que c‘est pas tes doigts à toi qui ont fait des dégâts c‘est d‘autres doigts plus petits plus grands plus minces plus poilus plus sales des gros doigts laids de gars. Y a certaines couleurs que tu aimes pas chez moi. Y a certaines couleurs que j’aime pas chez toi aussi. Moi je suis pleine d’essais. Toi tu m’énerve avec tes belles lignes tes beaux dessins, on voit encore les formes de c’qu’elles ont dessinées sur toi vraiment bien (parce que les filles ont de jolis doigts fins plus délicats je crois). J’aime pas tout l’temps c’que j’vois. Leur choix de couleurs, c’est pas celles que j’aurais choisies, mais c’est pour ça je pense que tu es avec moi. Moi mes doigts sont p’tits aussi, tout le temps tachés, mais je suis bonne dans les couleurs. Un moment donné y faut des belles couleurs, t’es pas le genre de gars qui se contente d’un peu de pastel, moi je suis pleine de couleur (je tache même, tsé).
 
Quand on est tout le temps ensemble on oubli à quoi ressemble la maison quand on est seul la nuit. Ce soir t’es pas là, ta face ta voix ton corps pis toute sont pas là faque c’est vide c‘est gris pis c‘est plate. J’suis là couchée sur le lit comme un p’tit paquet de 500 feuilles lignées Hilroy. Je suis toute parfaite ce soir j’m’éparpille même pas j’me fait toute toute blanche pour pas te déranger j’me bluff moi même super bien j’me sens même pas barbouillé, je suis capable de me coucher sur mes barbos, les écraser pour que toute devienne plate plate plate pour que j’sois moins gondolée pour que mes p’tits démons partent sur la maudite gondole pis que j’sois plate pour être moins plate pour toi tsé. Mais c’est quand t’es pas là que j’ferais toute pour que tu sois là. Mais t’es pas là ce soir faque c’est ça.
 
T’es pas là faque y a personne à qui je peux dire, t’as entendu? T’as entendu le bruit? Y a des fantômes dans notre maison mais je l’oubli tout le temps quand t’es là la nuit parce qu’y a ta face pis ta voix pis ton corps pis toute qui m’empêche d’entendre les fantômes. Je sais pas de quoi y jasent ou qu’est-ce qu’y veulent mais des fois je leur demande de s’en aller j’aime pas ça quand c’est leur voix dans ma tête leur face dans ma tête pis toute ça me fait peur.
 
Je voulais être forte pis pas t’écrire pendant la seule nuit où t’étais pas avec moi mais j’avais peur des fantômes faque j’tai envoyé un message texte. J’tai dis: je l’sais y é deux heures quarante et une du matin dis moi queque chose pour remplir ma tête d’autre chose ste plait mon p’tit loup.
 
Tu m’as répondu: Renard. (C’est parce que t’es pas un loup mais un renard ou parce que tu joue au p’tit rusé ou parce que tu dis n’importe quoi ou parce que t’es un fou ou parce que tu ris de moi ou parce que j’sais pas pourquoi don que tu me réponds ça.)
 
J’me suis recouchée j’me suis roulé dans le lit j’ai taché les draps d’encre ça faisait des nuages des gros arbres morts des maisons qui craquent pis des silhouettes sombres (toutes les couleurs mélangées ça fait noir je tache noir c‘est pour ça que j‘ai le bout des doigts noirs c‘est pas pour être a la mode). Ça marche pas je pense renard renard renard renard j’entends les renards je vois les renards c’est pas mieux que les fantômes j’ai vraiment peur des renards tout à coup, c’est ça qu’elle fait la nuit quand t’es seul. Elle te rends fou elle te fait même haïr les renards.
 
À quatre heure cinquante trois je me suis fâchée contre les renards qui m’empêchaient de dormir, j’ai ouvert les rideaux la fenêtre pis j’leur ai crié partez don allez don vous faire coudre j’ai besoin de dormir laissez moi tranquille aaaaaaaaaahhhh (j’ai vraiment crié fort).
 
Ils étaient tous là assis sur mes feuilles ils se roulaient dedans j’ai fais une belle grosse crise pis je les ai envoyé se faire coudre pis avec les feuilles y too tant qu’à y être tiens toute mes belles feuilles Hilroy de mon p’tit paquet de nerfs.
 
J’me suis réveillé à dix heures trente neuf c’était silencieux, t’arrives surement bientôt. Y a plus de feuilles dehors l’automne est parti pis un peu de moi aussi. J’suis moins paquet de nerfs pis de feuilles barbouillées. J’dirais que j'suis plus une grande toile ben ben ben abstraite en 3d.
 
T’es arrivé à une heure vingt-trois tu m’as dis pis? J’ai dis les renards sont partis. T’as dis ouff pis t’as souri. Tu m’as regardé pis tu m’a dis t’es belle on dirait que t’es plusse toi j‘sais pas. J’ai dis merci parce que j’suis polie mais j’ai pensé c’est aussi grâce à toi-le beau résultat tsé. Je suis pleine d’abs-traits c’est comme ça.

Mais va t'en plus ste plait reste avec moi.
 

mercredi 16 mars 2011

Tricot.


Des fois, mes cheveux poussent jusque dans le fond de mes oreilles.
Des fois, ils vont s’emmêler jusque dans le fond de ma caboche et me volent des idées, des mots, des pensées.
C’est pour ça qu’ils changent souvent, ils parlent beaucoup. Ils changent de sujet, c'est tout.
Des fois mes cheveux poussent jusque sur mes épaules.
Ils flattent mes épaules, les chatouillent, balayent ce qui s’y pose chaque jour et ce qui s’y accumule aussi avec le temps.
Des fois mes cheveux poussent jusque dans le bas de mon dos, mais ça n’arrive pas souvent.
C’est rare qu’ils se rendent là, ils ont beaucoup à faire dans mes oreilles et sur mes épaules. Ils sont usés.
Des fois, mes cheveux poussent jusque dans le bas de mon dos. Ils me caressent, ils serrent ma colonne, ils me font danser, me font grandir, ils dénouent les nœuds qui grimpent, grimpent, grimpent.
 
Il faudrait que mes cheveux poussent plus souvent jusque dans le bas de mon dos parce que les nœuds des fois, ils grimpent jusque dans ma tête.
J’ai peur qu’ils y plantent des petits pois.
J’ai peur d’avoir un petit pois dans la tête et qu’il ne se passe plus rien jamais, ou qu’il ne se passe que de petites choses.

Des fois, mes mains flattent mes cheveux qui en portent beaucoup, beaucoup, beaucoup trop. Ils se caressent.
Mes cheveux restent toujours doux, malgré tout. Malgré les chicanes, même si mes mains gagnent le plus souvent. Mes cheveux ne lâchent jamais, jamais, jamais. Ils continuent de pousser et n’abandonnent pas. Ils savent qu’ils ont la force du temps que mes mains n’ont pas.
 
Avec le temps, on peut commencer à apercevoir de petits chemins de cheveux se dessiner partout sur mes mains. Les petits chemins, avec le temps vont faire le tour de mes poignets. Ils dessinerons ensuite des petites formes géométriques et des petits fils partout sur mon corps. Tranquillement, je plonge dans un bain de cheveux, un bain de fils, un bain de dessins. C’est la vie qui s’effiloche sur moi, qui tisse et qui dessine sur moi ce que mes cheveux ramassent, racontent chaque jour.Toutes les idées, les mots, les pensées. On se change tous tranquillement en beau chandail de laine. Ça doit être confortable le temps, je pense.
 
Des fois mes cheveux poussent jusque dans le fond de mes oreilles.
Ils vont s’emmêler jusque dans le fond de ma caboche. Ils me volent des idées, des mots, des pensées. Ils essayent avec des idées, des mots, des pensées volées, de combler le vide qui s’étends partout. Ils dessinent, ils tricotent (ça fait du bien, ça passe le temps). Ils essayent de me tricoter de meilleures idées, de meilleurs mots, de meilleures pensées. Pour que je sois un peu plus confortable avec le temps, un peu moins piquante, une peu plus belle comme un beau chandail de laine (mélangé avec un peu de coton), peut-être.
 
J’ai déjà eu les cheveux long jusqu’aux fesses. Dans ce temps là, je m’achetais un bonbon mou à la cerise chaque matin sur la route de l’école, avec les sous que je trouvais sur mon chemin.
Depuis ce temps là, les bonbons mous à la cerise ne sont plus du tout à une cenne chaque, je ne trouve jamais assez d'argent sur mon chemin, et mes cheveux n’ont plus jamais été longs jusqu‘aux fesses. Ce n’est pas relié aux bonbons mous, ça relève surement plus de la vie, mais j’aime ça, dire ça comme ça, c’est beaucoup plus beau.
 
Des fois, mes cheveux me chatouillent partout sur la peau, ils m’attendent sur mon divan, dans mon lit, sur mon oreiller, dans mes vêtements, partout.
Pour me chatouiller, pour me faire sourire, pour que je ne n‘oublie pas de me flatter, plus. Parce que je me gratte trop.
Des fois, les nœuds s’échappent et s’éparpillent sous ma peau. Ils partent avec des mots, des idées, des pensées, que mes cheveux leurs ont chuchoté, dessiné, filé. Les petits pois sous ma peau poussent, prennent trop de place, parlent, parlent, et crient trop fort tous ensemble aussi. J’ai peur des petits pois, je suis allergique je crois. Ils me piquent la peau. À cause d’eux je sens toutes les petites aiguilles qui me tricotent. Si quelqu’un écoutait tout près tout près, se collait sur ma peau, il entendrait tout, tout, tout ce qu’il se passe à l’intérieur de moi. Il saurait tous mes mots, mes idées, mes pensées.
 
Des fois mes cheveux me chatouillent partout sur la peau pour me rappeler de me flatter plus, parce que je me gratte trop. Je veux reprendre ces mots, ces pensées, ces silences bruyants gardés sous ma peau. Je veux pouvoir me coller un jour sur quelqu'un tranquille, sans me vider. Sans qu’une de ses mailles ne prenne dans la mienne et que je ne sois obligée de tout recommencer.

J’ai essayé de me mettre les bras et les jambes dans la terre pour faire quelque chose de beau. Je suis à fleur de peau mais pas de fleur, ce n'est pas beau.

J’attends de voir ce qui se tricote. Une bourgeon, peut-être.
 
En attendant, je me fais pousser les cheveux. J’aimerais ça, pouvoir me faire une belle tresse jusqu’aux fesses. Peut-être au printemps.

Je me flatte plus, je recommence à manger des bonbons mous à la cerise à pas une cenne chaque. Une vie, ça ce tricote (ça fait du bien, ça passe le temps), ça ne se trouve pas sur son chemin. Non, juste les sous noirs, c'est tout ce que tu trouve sur ton chemin. Et des bourgeons, au printemps.

Bientôt j’espère, celui qui collera son oreille tout près de ma peau n’entendra rien. J’aurai tout à dire, peut-être même que je recommencerai à chanter. Comme dans le temps où j’avais les cheveux jusqu’aux fesses. Dans le temps des bonbons mous à la cerise.

Rouge jaune noir orange vert comme mes cheveux, comme les bonbons mous, comme les fleurs. Ce n’est surement pas relié, ça relève surement plus de la vie tout court, mais j’aime ça, dire ça comme ça, c’est beaucoup plus beau.

Ça fera un méchant beau tricot, je crois.
 
  
 

samedi 12 mars 2011

marcher dans le désert.


Je me reconnais quand je rencontre un cowboy, j’ai l’impression qu’on vient de quelque part qui se ressemble et qui sent presque pareil. J’ai l’impression que j’ai le droit d’être malade de n’importe quoi parce qu‘ils sont malade et qu‘on s‘en fou. Ils sont souvent un peu fou les cowboys, j’aime les fous. Celui qui l’dis c’est celui qui l’est je sais. C’est fou.
 
Lui il m’a eu avec sa face de cowboy. Il a des rides au bout des yeux comme s'il avait plissé des yeux longtemps au soleil ou comme s'il avait souri toute sa vie ou pleuré aussi peut-être. Il a la peau dure comme un rhinocéros j’suis sure que même si je lui mordais la face avec mes canines je pourrais pas lui faire mal ça m’impressionne, j’sais pas comment sa barbe fait pour sortir de là en si grande quantité. Il a une face de vieux cowboy qui a prit trop d’alcool et de cigarettes. Il a l’air d’avoir vécu beaucoup, trop peut-être des fois. C’est beau en maudit ça me donne envie d’être une cowgirl juste pour le suivre dans son désert. C’est parce qu’il a le désert imprimé dans les yeux dans les oreilles sur les joues sur le menton sur le front partout quand tu regardes bien bien bien de proche mais de moins proche de jour en jour. Le désert ça fait un peu peur mais plus peur comme j’ai envie de faire des folies pendant toute la nuit même si je travaille demain matin juste pour savoir où ça peut aller jusqu’où ça peut nous mener. Pis je suis certaine que si je m’approchais très très très proche de son visage ça sentirais un peu comme le vieux livre.
 
- Ça te tentes tu de jouer au cowboy?
 
Je lu ai demandé
 
- T’es tu glé?
 
Il m’a dit
 
- Oublie pas ton manteau y fait frette dehors.
 
Je suis sortie à la course j’étais super excitée c’est un fou il fait peur mais peur comme ça donne envie de faire des folies pendant toute la nuit même si je travaille demain matin juste pour savoir où ça peut aller jusqu’où ça va nous mener, pas peur comme j’ai envie de me sauver. Moi j‘me sauve des gentils qui font pas peur du tout c‘est comme ça je suis malade moi.
 
J’ai rempli mon sac avec beaucoup de bières pis j’suis sortie.
 
Dehors je lui ai dis
 
- T’es malade toi.
 
Il m’a dit
 
- Celui qui l’dis c’est celui qui l’est.
 
Il a raison.
 
J’ai dis
 
- Dépêche toi pour m’amener pour me kidnapper j’suis geléé j’ai oublié mon manteau pis y fait frette dehors mais j’ai amené d’la bière.
 
Il m’a dit que lui aussi.
 
Il m’a écouté et il m’a kidnappé.
 
Je fréquentais un gentil garçon dans ce temps là mais tsé comme on dit, qui part à la chasse perds sa place. J’ai perdu un gentil garçon pour un cowboy mais c’est correct parce que c’était pas vraiment ma place et que j’aime pas vraiment la chasse.
 
Il parait que mon papa quand il était jeune c’était un cowboy pour de vrai de vrai. J’pense que j’ai un peu de ça en dedans de moi, j’pense que si quelqu’un prenait le temps de bien bien bien regarder il pourrait voir du désert partout sur mes pieds sur mes chevilles sur mes jambes sur mon ventre sur mes fesses sur mes bras dans mon cou dans ma face même en dessous de mes bras. Dans les lignes sur le bord de mes yeux quand je souris aussi et quand je pleure. Y en a pas beaucoup mais y en a de plus en plus de jour en jour, peut-être que le désert s’étends aussi. Mais le désert ça fait peur. Peur comme ça fait faire des folies. Dans mon désert je cours je cours mais je peux pas vraiment partir j’atterri tout le temps sur une partie de mon corps, c’est une partie de mon désert à moi, surement une partie de ma maladie aussi.
 
Mon papa c’était un vrai de vrai cowboy il avait les cheveux longs il fumait des cigarettes pas de filtre et il mettait des bottes à longueur d’année. Je suis sure que de proche proche proche il sentait un peu la terre et peut-être même que si on regardait bien bien bien on pouvait voir des fois des grains de sable dans son poil.
 
Je me reconnais quand je rencontre un cowboy j’ai l’impression qu’on vient de quelque part qui se ressemble et qui sent presque pareil. Quelque chose qui se rapproche de l’odeur d’un vieux livre. J’ai l’impression que j’ai le droit d’être malade de n’importe quoi parce qu‘ils sont malade et qu‘on s‘en fou. Ils sont souvent un peu fou les cowboys, j’aime les fous. Celui qui l’dis c’est celui qui l’est je sais.
 
Il m’a kidnappé et il est revenu me porter à la maison au matin pour que je puisse aller travailler (comme un gentil garçon). Il est revenu me chercher presque tous les soirs pendant trois semaines. Il m’amenait à la lisière d’une forêt mais jamais on a eu les pieds dans le sable jamais, y avait quelque chose qui me disait que c‘était interdit de s‘approcher de son désert, qu‘on pouvait rester pris dedans, peut-être comme lui. Il est revenu me chercher presque tous les soirs pendant trois semaines. Après il est retourné dans son désert je crois, je ne l’ai pas recroisé dans mon coin en tout cas.
 
Je suis sure que si quelqu’un regardait bien bien bien il pourrait voir mon désert à moi partout sur mes pieds sur mes chevilles sur mes jambes sur mon ventre sur mes fesses sur mes bras dans mon cou dans ma face et même en dessous de mes bras. Dans les lignes sur le bord de mes yeux aussi qui se sont allongées. C’est comme ça, c’est pas une maladie grandir, sauf qui faut pas rester pris, après on devient fou, on deviens malade je pense, on devient cowboy peut-être. Faut pas rester petit dans un corps de grand, il faut grandir bien c’est tout. Je pense. Sinon c’est risqué d’être pris pour marcher dans le désert tout le temps.

mercredi 9 mars 2011

Comme beaucoup de studs mais juste assez beaucoup.

Tsé le bad ass que tout le monde aime qui à juste assez pas l’air à la mode pour être à la mode correct. Il était pas fin avec toutes les filles mais il était gentil avec moi et ça lui donnait le droit de coucher avec moi (c’est quand même mieux que ceux qui sont pas gentils et que ça leur donne quand même le droit). Il était gentil et en plus il était le bad ass que tout le monde aime qui à juste assez pas l’air à la mode pour être à la mode correct, c’est sexy. Il avait une blouse en jeans avec plein de studs dessus beaucoup mais juste assez beaucoup elle était tellement belle avec lui dedans c’est parce qu’il était tellement beau tout court.
 
Il me racontait en dessous de la table du bar de l’Université ce qu’il se passe souvent en dessous des tables du bar de l’Université, c’est là que j’ai appris ce qu’il se passe sous les tables du bar de l’Université. Mais souvent il me flattait les cuisses aussi. J’aimais vraiment ça quand il me flattait les cuisses et qu’il me regardait avec ses yeux de bad ass pas bad ass du tout dans l’fond.


Il me faisait des biscuits au chocolat le matin aussi ça lui donnait le droit de coucher avec moi, je crois.
 
Ça l’air cute comme ça se faire flatter les cuisses mais on se flattait pas vraiment les cuisses tout le temps j’étais pas trop bien dans ma peau dans ce temps là j’étais un peu comme un porc-épic qui vient de se faire frapper sur la 173 mais qui est encore vivant tsé.
 
Dans sa chambre ça ressemblait plus à des affaires de porc-épic qui vient de se faire frapper sur la 173. Ça devait être ben ben ben cute ça le matin ça doit être pour ça qu’il me faisait des biscuits au chocolat il devait avoir pitié même s’il disait que non ou quelque chose comme ça.
 
Un jour après les cours on est tous allé au bar de l’université. Tout le monde savait qu’il avait le droit de coucher avec moi mais lui il voulait pas le dire à tout le monde je savais pas très bien pourquoi, ça lui donnait le droit de coucher avec d’autres que moi, je crois.
 
Ce jour là c’était beau il me flattait les cuisses il me regardait avec ses yeux de bad ass, je lui ai dis avec mes yeux de bad ass de moi aussi je suis capable quand je veux, je lui ai dis viens avec moi. On est sorti dehors du bar de l’Université, je le tenais par la main j’étais pressée comme dans les films, je suis sure qu’il pensait qu’il allait me baiser (quand on fait l‘amour c‘est plus comme un bambi qui court dans un champ qu‘un porc-épic écrasé tsé). J’me suis assis dans le gazon sur l’bord de la rue Sainte-Catherine j’ai tiré sa belle blouse en jeans avec beaucoup de studs mais juste assez beaucoup pour qu’on soit collé collé. Je l’ai regardé dans ses yeux de bad ass pis je lui ai dis avec ma bouche de bad ass:
 
Mais il m’a pas laissé le temps de lui dire il m’a dit avec sa bouche de bad ass: j’pense qu’on devrait arrêter tu serais p’têtre une bonne amie mais tsé. J’ai fais ahahahahahah est bonne. Il m’a dit désolé. J’me suis dis pourquoi tu m’as fait des biscuits au chocolat pis j’suis partie avec un air de bad ass parce que j‘avais décidé que j‘étais une bad ass c'est comme ça.

En entrant dans le bar de l’Université j’ai fais à mon amie des yeux de enwèye-on-s’en-va-enwèye-dépêche-toi-comprends-moi-comprends-moi-comprends-moi-comprends-moi-j‘voulais-peut-être-lui-dire-que-je-l‘aime-peut-être-un-peu-mais-y m‘aime-pas. On est allé aux toilettes, c’est con d’aller aux toilettes dans un bar quand t’as le goût de pleurer on devrait juste s’en aller dans ce temps là on devrait même pas avoir le droit de s’arrêter dans un stand à pizza on devrait juste avoir le droit d’aller pleurer dans son oreiller ou de se coucher par terre en haut de ses escaliers.
 
J’ai demandé à mon amie pourquoi il m’avait fait des biscuits au chocolat elle m’a dit il doit être gentil c’est tout. J’ai eu de la misère à comprendre pourquoi il serait gentil c’est tout m’semble que finalement je le trouvais pas si gentil que ça.
 
La semaine d’après on est allé à un party chez eux parce qu’il fallait que j’en revienne là c’était pas si dramatique que ça si mes cuisses se sentaient seules pis que je mangeais plus de biscuits au chocolat au déjeuner tant mieux pour mes cuisses une pierre deux coups, deux p‘tits coups sur ma caboche de même pas bad ass du tout (mais ça sert à quoi des p’tites cuisses quand y a personne pour les pogner au bar de l’Université c‘est con).
 
J’ai mis mon manteau sur son lit parce que c’est là que tout le monde mettait son manteau, j’ai fais attention pour pas laisser d’épines de porc-épic écrasé par un truck de bad ass (c’est pas fin pour les prochaines chocolatines) je suis même pas allé pleurer dans les toilettes j’ai callé une bouteille de vin pis j’suis rentrée chez moi en passant par le stand à pizza.
 
Quand j’suis sortie de son appart la presque dernière (j’avais le goût de me cacher sous son lit pis faire ché pas quoi quand il allait se coucher mais on se trouve tout le temps con après dans ce temps là pis j’étais pas con j’étais une bad ass) J’suis sortie pis j’suis passé devant sa blouse avec beaucoup de studs dessus mais juste assez beaucoup accrochée au mur dans le couloir de l’entrée.
 
Y m’est passé plein d’idées par la tête j’aimerais ça vous dire que je l’ai volé-brulé-déchiré-crachédessus-démantibulé-décadencisé mais j’ai rien fait. Je suis une fille gentille c’est tout, je crois.
 
Fuck des fois j’aimerais ça être une vraie bad ass.

dimanche 6 mars 2011

En passant


Toutes les filles qui écrivent sont des serveuses. Elles sont celles qui ne mangent pas. Elles sont seules. Des fois elles sont tristes des fois elles sont joyeuses des fois elles sont impatientes des fois elles sont amoureuses, mais elles n‘ont jamais mal au pieds elles sourient tout le temps même quand elles font semblant.

Les serveuses sont sournoises comme les filles qui lisent des livres dans les cafés. Elles ont des oreilles tout le tour de la tête, elles sont des croqueuses de vies elles mangent les miettes d’histoires qui trainent sous les tables quand les gens sont partis.

Elles sont seules.

Il y a celles que les gens appellent ma belle et celles que les gens n’appellent plus du tout. Elles n’ont pas mal aux pieds elles sourient tout le temps elles font tout le temps semblant les filles que les gens n‘appellent pas.

Toutes les filles qui écrivent sont des serveuses mais quand elles sont chez elles, elles ne sont pas ma belle elles ne sont pas celles qu’on n’appelle plus du tout elles sont des filles avec des noms de filles c'est tout. Elles sont seules. Des fois elles boivent du vin des fois elles se font un chocolat chaud ou du thé ou de la tisane ça dépend si on est dimanche ou le matin ou le soir, des fois elles restent toute la journée en pyjama des fois elles s’habillent chic chic chic et elles se peignent les doigts ça dépend si on est vendredi ou le matin ou le soir.

Elles savent se servir de leur doigts et ça les rends souvent heureux des fois jaloux. Ils les appellent souvent ma belle mais elles ne les rappellent pas elles sont des filles avec des noms de filles qui s’enfargent tout le temps dans leur doigts c'est tout.

Les filles qui écrivent ne sont pas toutes des serveuses des fois je mens, mais je trouve que ça leur irait bien. Ça leur ferait bien aussi de fumer des cigarettes devant leur ordinateur avec un verre de whiskey même si la plupart ne le font pas. Je les trouve belles souvent mais je ne leur dis pas c’est comme ça, mais des fois je les regarde beaucoup avec des beaux mots dans les yeux, j’ai envie de leur dire ma belle mais ça ce fait pas c’est délicat, même que des fois je sais qu'elles pensent que je les regardes avec des mauvais mots dans les yeux mais ça c'est parce qu'elles ne s'aiment pas.

Moi j’ai jamais été serveuse et je ne le serai pas, je n’écris pas pour vrai des fois je mens, je suis une fille avec un nom de fille qui s'enfarge tout le temps dans ses doigts c'est tout.

samedi 5 mars 2011

Mais on s'aime

Notre maison est au sous-sol pis quand il pleut l’eau sort par la toilette par le bain par les lavabos pis notre maison se rempli d’eau. On est poissons quand on s'aime on est des poissons dans notre maison on baigne dans l’eau on grandit on va devenir grands grands grands dans notre maison on va prendre toute la place qu'on a pour être des gros poissons quand on s'aime. Toi tu vas être le Roi mon Roi quand même quand même, même si ton nom c’est pas Roy, pis moi je vais être la Reine ta Reine quand même quand même. On va se baigner on va grandir jusqu’à temps qu’on prenne toute la place pis après on va louer le premier étage pour défoncer le plafond pis louer le deuxième étage pour défoncer le plafond pis louer le troisième étage pour défoncer le plafond pis après on va devenir grands grands grands dans le ciel. Dans le ciel on sera plus des poissons, on sera de beaux grands grands grands arbres. Toi tu vas être un Chêne parce que tu dis tout le temps que tu voudrais être un Chêne pis moi je vais être ta Reine quand même quand même quand même.

On est poissons quand on s'aime.

jeudi 3 mars 2011

Ma ville ce n'est pas une ville, c'est l'hiver.

C'est pendant la nuit qu'ils tassent la neige. Pendant la nuit, tout est tassé mis sur le côté on fait des p'tits tas avec tout c'qui est tombé tout c'qui c'est passé tout c'qui c'est entassé durant la journée. On fait des p'tits tas pis on les amène ailleurs. Loin loin loin là où le monde ne passe pas trop souvent. Là où on ne passe pas trop souvent. C'est pendant la nuit qu'ils grattent la neige. Ils l'amènent ailleurs. Là où les automobiles ne passent pas.

Il pousse la neige à droite. Le gros camion passe, retasse la neige, fait une belle grosse ligne au milieu de la rue. Un autre gros camion qui souffle passe côte-à-côte avec un gros camion qui ramasse et ils s'en vont porter la neige ailleurs.

Je rentre du travail tous les soirs à pied. Je rentre quand les camions commencent à ramasser.

Le camion monte sur Belvédère, pousse la neige à droite avec sa grosse gratte. Ses gros pneus tracent un chemin sur mes jambes, sa gratte écorche mes jambes jusqu'au genou, accélère, passe sur mon genou en grinçant et écorche ma jambe jusqu'au bas de mon ventre.

Les gros camions sur René-Lévesques frottent le bas de mon ventre irrité et passent sur mon nombril en silence. Personne ne porte attention au petit trou au petit vide au petit rien qu'ils écrasent comme un souffle sous la neige brune brune brune sale sale sale mais belle belle blanche sur le dessus. Les camions tassent la neige sur René-Lévesques et la soufflent dans d'autres camions, ils grattent mon ventre et ça fait de gros ronrons trop trop trop fort, des ronrons de gros dinosaures.

Mes seins, comme deux petits bancs de neige glacés, frémissent dans la rue, secoués qu'ils sont par les gros camions. Personne ne sent mon coeur. Mon petit coeur qui fait frémir les gros camions qui font frémir la rue qui fait frémir mes petits seins durs qui frémissent en banc de neige glacé. Les camions détruisent les deux petits bancs de neige glacés sur René-Lévesques à coup de pelle, ils dérangent ils dérangent ils empêchent de passer. Recule avance recule avance recule avance va et vient sur mon corps usé, ils vont et viennent à bout des petits bancs de neige glacés. Les gros camions qui soufflent tirent mes seins dans de gros camions qui ramassent et vont éparpiller mes seins plus loin loin loin là où les automobiles ne passent pas.

Les gros camions montent et descendent sur Salaberry, mes bras s'étirent, montent et descendent, les camions poussent la neige, leur pelles arrachent la peau de l'intérieur de mes bras et pèsent pèsent pèsent lourd lourd lourd jusque sur mes épaules.

Au coin de Salaberry et Aberdeen c'est difficile pour les camions, y a pas beaucoup d'espace, la lumière de la rue clignotte rouge rouge rouge, les automobiles sont allées attendre ailleurs, surement où d'habitude elle ne vont pas, surement où ils ont éparpillés mes seins.

Les gros camions essayent de vider le coin mais c'est pas facile y a neigé beaucoup y a toujours de la circulation ça passe par là ça passe tout le temps avance recule avance recule avance recule les gros camions sur ma petite tête au coin de Salaberry et Aberdeen. Les gros camions passent sur mes lèvres avec leurs grosses grattes mais elles ne chialent pas mes lèvres, elle sont suiveuses elles sont légères elles sont faciles. Les gros camions partent avec mes lèvres et c'est doux comme de la mousse, vont les porter derrière une maison, vont boucher une ruelle avec mes lèvre poudreuses. Mes petites joues sont coriaces elles s'étirent elles résistent mais elles finissent par décrocher, mes petites pommettes sont portées quelque part où les automobiles ne passent pas, sous les arbres, mes petites pomettes tombées de ma petite tête. Mon nez leur fait perdre du temps aux gros camions, ils se mettent à plusieurs, ils ne font pas attention, ils accrochent une borne fontaine, l'eau coule sur la neige sous les grosses roues sous les gros camions qui passent sur mes yeux mes paupières mes sourcils, l'eau coule dans mes yeux mes paupières mes sourcils glisse dans mes cheveux gelés dans les buissons qui longent la rue Aberdeen.

C'est pendant la nuit qu'ils tassent la neige. Pendant la nuit, tout est tassé mis sur le côté on fait des p'tits tas avec tout c'qui est tombé tout c'qui c'est passé tout c'qui c'est entassé durant la journée. On fait des p'tits tas pis on les amène ailleurs. Là où le monde ne passe pas trop souvent. Là où on ne passe pas trop souvent. C'est pendant la nuit qu'ils grattent la neige. Ils l'amènent ailleurs. Là où les automobiles ne passent pas. Ça fait de gros ronrons de gros dinosaures qui se sont perdus parce qu'il est trop tard, qui sont surement saoul parce qu'ils sont perdus parce que c'est ce que ma ville fait aux gens qui se perdent tard tard tard.

Je rentre du travail tous les soirs à pied. Je rentre quand les camions commencent à ramasser. Ronronronronrons

Quand je rentre du travail j'essaye de laisser le travail derrière moi quand je m'en vais au travail j'essaye de laisser la maison derrière moi.

Sur mon chemin.

Des fois je me perds, souvent.
Je m'oublis, la fièvre me prends.

Les rues prennent mon corps et se l'échangent, se l'éparpillent.

Je me sens bien quand, dans les ruelles les lumières clignottent rouge rouge rouge. Les automobiles sont ailleurs, quelque part où je suis, elles viennent me visiter moi, dans les recoins de ma ville, ma ville qui n'est pas une ville parce que ma ville c'est l'hiver.

Des fois je me perds, souvent. Et dans ce temps là je l'avoue je prie. Je me demande comme Michel Rivard où sont allé les dinosaures.

Je prie et des fois je pense que dans ma fièvre je crie.

Montréal sauve moi, cette ville me dévore.