vendredi 12 août 2011

onfaitsemblant

http://weheartit.com/entry/13070636
C’était l’été qui s’en allait comme dans les journées sont crevantes et les nuits commencent à être trop froides. On mettait des chandails de laine d’été avec juste une brassière en d’sous pis on se trouvait super cohérentes. Le jour le monde nous disait qu’on était folles et on leur répondait qu’y-a-des-trous-dedans-faque-c’est-correct. On passait notre temps à nous convaincre de plein d’affaires pour mieux digérer un peu tout ce qui arrivait. La nuit on nous disait qu’on était folles avec nos chandails plein de trous et on répondait qu’y-sont-en-laine-faque-c’est-correct.
C’était correct.
On disait que c’était correct. Comme on commence à rêver de l’hiver quand l’été est même pas fini. On sait que quand l’hiver va arriver ça s’ra pas long qu’on va se trouver con d’avoir rêvé à ça. On fini toujours par se trouver con d’avoir voulu fort quelque chose. Ce soir là d’été qui s’en allait, on se disait que p’t’être que l’hiver arrivait juste parce qu’on était trop à l’avoir demandé.
C’était con.
Comme si on avait du pouvoir.
On s’imaginait dans les bras des Autres. Ceux qu’on n’aurait pas. Les journées étaient crevantes. On essayait de se démêler dans nos propres bras. On essayait de s’habituer à ces bras qui mangeaient en face de nous. Les nuits étaient trop froides. Seules au milieu de deux paires de bras pliés pis raqués pis écrasés qui ne se connaissaient pas et qui ne se trouvaient pas trop confortable non plus finalement. On s’imaginait dans les bras des Autres et on essayait d’apprivoiser ceux qu’on avait en même temps. Pis de les trouver doux. Parce qu’on savait que le froid s’en venait vite. Qu’il courait plus vite que nos p’tites jambes sèches de filles qui font le tour du bloc pas pour maigrir mais pour être en forme (en forme de belle p’tites filles).
Mais des fois quand même ça nous piquait la peau.
C’était l’été qui s’en allait simplement. Pas de chandail de laine à trous ni de brassière ni de flocons ni de pompons. L’été s’en allait toute nue avec toute sa chaleur qu’elle gardait juste pour elle.
On faisait nos derniers barbecues et on finissait les soirées devant les derniers feux à manger les dernières bonnes guimauves et les derniers courageux se baignaient dans le spa. C’était aussi bientôt la fin du courage pour eux. Sauf pour les vrais-de-vrais qui seraient game de se tirer dans neige-mais-juste-si-tu-me-coule-un-grand-bain-chaud-pour-après. Le courage ça à tout l’temps quelque chose d’un peu faux.
On essayait de se convaincre que l’hiver serait beau et romantique. Qu’on trouverait des beaux chandails de laine avec des gros flocons pis des pompons dans les magasins. Qu’on se sentirait au chaud même si y f’rait frette. Qu’on n’aurait pas à se taper du Saran Wrap partout sur nos corps pis à repasser dessus avec un séchoir pour être sur que ça nous ait pas couté trop cher en chaleur perdue à fin de l’hiver. On essayait de se convaincre que la vie nous passerait dans l’bedon sans faire trop mal cette fois-ci peut-être. C’était d’même à chaque année. Pis y en a beaucoup qui se mettaient à avoir des ulcères pis des brûlures d’estomacs pis des affaires de temps qui passe mal dedans quand même.
Y avait celui qui s’occupait du barbecue qui avait des beaux gros doigts un peu sales. Y avait ceux qui avaient fait les salades avec leurs belles mains fines. Y avait celui qui s’occupait du feu et celle qui voulait avoir la responsabilité du gros bâton pour jouer dedans. Y avait ceux qui se baignaient presque tout nus à la fin de la soirée et qui avaient les lèvres bleues comme leur dedans. Y avait celles qui se tenaient près du feu avec leur chandails troués et celles qui faisaient semblant de ne pas avoir froid ni de bleu en dedans.
On faisait semblant.
C’était l’été qui s’en allait comme dans les journées sont crevantes et les nuits commencent à être trop froides. C’était difficile. On comprenait pas à quel point on était englué là-d’dans. C’était transparent. Une boue épaisse humide et froide dans laquelle on se traînait. Les filles qui sortaient du spa essayaient de nager dedans sexy-ment, d’autres faisaient de grands gestes en parlant, d’autres étaient plus pognés, p’t’être plus englués dedans.
Englués dans cestdifficile pis onfaitsemblant.
Pis nos lèvres passaient au mauve-noir tranquillement surement comme nos dedans (pis même pas à cause des cigarettes comme dans l’exposition des dedans laittes).
En même temps qu’l’hiver.
On figeait tranquillement.
M’semble qu’y faudrait essayer d’exploser pis de se déprendre de t’ça.
http://weheartit.com/entry/13065879

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