jeudi 30 juin 2011

boum boum boum



C’est l’gros party sale dans mon dedans. Genre, un ben ben gros party. On pourrait dire une pendaison de crémaillère, mais j’serais pas prête à dire qu’on fête parce qu’y a du monde qui viennent d’emménager dans mon dedans. Y a juste un gars qui squatte des fois pis moi qui essaye de faire que’que chose avec ça. Moi j’suis comme la voisine d’en haut. Pis j’suis pas invitée. Pis ça parle fort pis ça rit fort (on pourrait même dire que ça vagit fort oui oui) pis ça écoute d’la musique fort mais j’entends juste boum boum boum boum boum. Pis ostie que j’aimerais ça dormir. Même si j’travaille pas demain. J’aimerais ça que mon dedans arrête de crier.

lundi 27 juin 2011

C'est comme ça qu'on meurt

Ça m’fait d’la peine de te voir t’éteindre. De voir ton beau p’tit toi durcir en dessous de ché pas quoi que t’essaie de montrer à j’sais même pas qui. Que t’essaie de te montrer à toi. Qu’est-ce que tu vois dans l’miroir à part ton corps à l’envers? Je l’sais, t’as la tête qui tourne, t’en peux plus. Fallais trouver une solution, pour survivre. Mais arrête arrête arrête s’te plait. Tu peux pas renoncer à tes rêves. J’comprends, c’est plus facile. T’essaie de te convaincre que la vie que t’avais choisie c’était pas la bonne pour toi. Que finalement, c’est pas si pire que ça. Ça m’fait d’la peine, de te voir aller pas si pire que ça. C’est comme ça qu’on meurt. Un jour on s’en rends pas compte, on se convainc que rêver c’est des conneries, que c’qu’on voulait vraiment c’était pas pour nous (c’est pour qui hein si c’est pas pour toi). On se convainc qu’on est mieux dans l’moule Toulmonde. De toute façon, on n’avait pas l’argent qui fallait pour rêver hein. C’est comme ça qu’on devient gris.
Tu sais quoi, j’pense que c’est possible d’échapper à ça. Y é où l’enfant en toi je l’trouve pas, je l’sais qu’il est là. Tu l’sais tu toi? Qu’est-ce que tu vois dans l’miroir à part ton toi tout à l’envers? Est-ce que tu t’vois? J’sais pas quoi faire, t’es en train de t’éteindre tranquillement (pis depuis trop longtemps). Je l’sais, tu vas pas si pire que ça. Tu tiens l’coup, ton couple va oké, ta vie va oké, tu viens de t'acheter des électros neufs, y a pas de drame (faque inquiète toi pas tsé)
Mais t’es en train de devenir vieux. Pis c’est pas pour toi ça.
Pis c'est pas obligé, devenir vieux.
Ça m’fait d’la peine parce que rêver, c’est vraiment important.
Parce que j'cours comme une folle après mes rêves pis que si toi tu laisse tomber... J'sais pas.
Ça m’fait d’la peine parce que je t’aime, vraiment.


dimanche 26 juin 2011

disparaître

Il aurait certainement pu être une star du rock si ça avait été différent pour lui. Il avait le corps parfait. Grand, mince, élancé. Des mains fortes avec juste assez de veines. La peau brune, chaude et sèche comme le désert. Des cheveux longs, parfaitement mal lavés et mal placés. Un visage mince avec quelque chose de carré, des yeux perdus, profonds, des yeux noirs-bleus. Il était assis juste en face de moi dans l’autobus pis j’pouvais pas m’empêcher d’le regarder. Il avait quelque chose de rassurant, quelque chose que j’connaissais. Il avait aussi quelque chose de dangereux. La peur, l’impulsivité, ou juste la perte totale de contrôle sur lui-même, il avait l’air de pu s’appartenir. Il avait quelque chose de brisé, de désespéré, de terriblement fatigué.
Il a regardé par la fenêtre et il s’est mis à rire. Son visage prenait tout à coup des teintes d’enfant du désert.
Il avait l’air vide, perdu. Il avait quelque chose d’un disparu.
J’me demandais s’il était complètement défoncé où s’il l’avait tellement été souvent que son corps lui répondait pu. Y pouvait pu arrêter de rire. Parce que les choses allaient trop vite dehors, surement.
Y m’faisait penser à toi.
T’étais grand, mince, élancé. Tes mains étaient fortes avec juste assez de veines pour serrer mon corps et pour être doux en même temps. Ta peau était brune, chaude et sèche comme le désert. Tes cheveux longs étaient toujours parfaitement mal placés (sauf quand tu t’entêtais à les couper court). Ton visage était mince et pourtant carré. Tes yeux faisaient mal à regarder. Ils étaient perdus, profonds, ils étaient noir-bleu. T’avais quelque chose de rassurant, mais quelque chose aussi de brisé et de fatigué. En tout cas, la dernière fois que je t’ai vu. Ça fait longtemps déjà, on peut compter en années sur les doigts.
T’aurais pu être une star du rock si t’avais voulu. T’aurais pu porter des jeans serrés. T’avais opté pour les bracelets en cuir, tu voulais pas du reste. Tu faisais du air guitar dans ton salon pis t’écoutais  d’la musique fort dans ton char en tapant sur le volant, c’est ce qui te rapprochais le plus du rock pis des stars. Mais t’aurais pu, t’avais le look et l’attitude parfaite.
T’avais mal en d’dans. Avec le temps, t’avais perdu et mélangé des morceaux importants de toi. Elle était partie avec un gros morceau, elle t’avait laissé plus brisé que jamais, éparpillé et épuisé. Y avait surement plusieurs moments de ton passé aussi qui avaient leur part de responsabilité mais ça, t’en parlais pas. Jamais.
T’avais choisi la boisson. T’avais même arrêté de conduire pour mieux boire. C’est p’têtre ce qui te séparait du gars de la 97. Lui il avait choisi de se shooter à toute c’qu’y pouvait trouver. Il voulait taire le mal, il était prêt à tout, il allait jusqu’à se faire taire lui-même. C’était moins pire que de côtoyer sa douleur chaque jour, moins pis que de se côtoyer chaque jour lui-même. Finir les yeux vides en riant seul dans l’autobus, c’était comme le prix à payer. C’était mieux que le reste. Disparaître avec elle. Toi, t’avais choisi de rester près de ta douleur. De l’engourdir un peu, souvent, mais de la garder à bout de bras. Tu marchais comme ça chaque jour de toute l’année comme un funambule au dessus d’elle. Parce qu’y fallait se rappeler, parce qu’y fallait se punir aussi, je pense. T’avais le vertige.
J’pouvais pas m’empêcher de le regarder. J’sais pas aujourd’hui de quoi t’as l’air, mais j’pense que si ton dedans sortait entièrement de toi, le soir après une coupe de bière, il ressemblerait à ça. Au gars poqué de la 97 qui ris comme un enfant en regardant dehors avec ses yeux cernés.
Pourtant, même si ça fait des années, j’suis sure que de l’extérieur t’as pas l’air de ça. Que t’as encore l’air d’une rock star. Même si tu dois commencer à avoir des cheveux gris. Le temps doit être rough avec toi. J’suis sure que quand on regarde dans tes yeux par exemple, c’est comme avant, ça fait mal. J’ai encore des p’tites fêlures en d’dans à cause de ça (pis j’va te dire un secret. J’veux pas tellement qu’elles partent).
J’espère que tu t’es sauvé assez loin pis que ça va bien. C’est con hein, j’pense souvent à toi même si ça sert à rien.

samedi 25 juin 2011

grrcchhhhhhh



Désolé
si des fois
je grésille.
Mon dedans bégaie
quant y veut
se montrer un peu
dehors.
Yé pas tout l’temps sur
de sa shot.

Mais des fois je pétille aussi.

jeudi 23 juin 2011

Chat-volant





Il était une fois un garçon qui avait une abeille comme animal de compagnie.
Il se promenait avec elle au bout d’une petite ficelle.
Un jour, un chat passant par là l’avala.
Le garçon décida de garder le chat et de l’appeler abeille.
Ce fut le premier chat-volant.
Le chat, s’en voulant d’avoir mangé l’abeille de son nouveau maître, parti dans le ciel pour aller lui en chercher une autre.
Malheureusement, il oublia de s’attacher une corde à la patte et se perdit dans les nuages.
Le garçon, très triste d’avoir perdu ses abeilles, dessina sur une toile un chat avec une abeille dedans.
Il attacha une corde sur la toile et  l’envoya dans le ciel, pour aider abeille à retrouver son chemin.
Des fois,
quand il vente beaucoup
et qu’on peut presque entendre bzzzzz dans nos oreilles,
les enfants,
des cordes dans les mains,
regardent le ciel,
pour que les chats-volants perdus
retrouvent leur chemin.


mercredi 22 juin 2011

Y a une abeille qui est entrée dans maison

J’me suis brulé les pieds su’l’balcon.
J’voulais manger ma mangue mais
elle a disparu.
Mon chat fait ses griffes su’l’coin du divan.
J’ai rêvé que tu crachais du sang.
Hier tu m’a texté :
dsl mais té folle.
Les médecins disaient :
C’est pas grave.
Y a une abeille qui est entrée dans maison.
Mais je savais qu’c’était grave.
Aujourd’hui tu m’a texté :
dsl.
Tout court.
Hier soir le balcon était frette.
Toi t’étais chaud.
Avoir toute en même temps
ça s’rait trop beau.
Le chat à mangé l’abeille.
J'ai mal aux pieds.
Ma mangue reviendra pas.
Jamais jamais.
S’te plait tue nous pas.
On a un chat
Ça s’rait compliqué d'séparer ça.


mardi 21 juin 2011

maladroitement


Mes bras étaient étirés de chaque côté de mon corps pour m’accrocher quelque part. Pour effacer mes extrémités. Pour voler dans la soirée. Ils balançaient. Les petits bagages ficelés autour de mes bras explosaient sur le sol parce que ça bougeait trop autour, parce que la musique était trop forte. T’étais là. Dans la frontière que dessinaient mes bras. T’étais là. Entre mon corps et le reste du monde. Tu bougeais un peu maladroitement. Tu voyais les cheveux au dessus de nous onduler, comme la mer après qu’un bateau soit passé. Et les bras qui volaient comme des oiseaux blancs, comme des oiseaux dans le ciel. Ce ciel multicolore de bar que je connaissais tant. T’étais à côté de moi comme une tempête. Si ma tête bougeait, si mes cheveux se mêlaient, si mon corps tremblait, c’était à cause de toi. La musique te suivais, elle t’écoutait, elle criait ton intérieur déchaîné, que tu contenais presque parfaitement. Que tu arrivais à compacter dans ton grand corps élancé. Seul ton visage un peu crispé et ta façon de danser un peu pogné témoignait de ce dedans-tempête-tempéré. Ta bouche était toujours entre-ouverte comme une valise qu’on n’arrive pas à fermer. Tu fermais les yeux pour mieux te contenir peut-être. Moi je les ouvrais grand, j’essayais de me faire envahir, avaler, par ta tempête. Ta présence m’électrisait. Je m’efforçais de ne pas te toucher, j’avais peur d’en mourir. Tu restais dans la frontière, dans un espace flou et dense, entre moi et les autres qui bougeaient. Mes poils se hérissaient. J’étais convaincue que si tu me touchais mon corps exploserait. Mes bagages eux éclataient. J’essayais tant bien que mal d’en garder l’essentiel, j’en plaçais sous mes bras et entre mes jambes. Dans mon chandail et tout le tour de mon pantalon. Des souvenirs importants, des morceaux du présent, des promesses, des engagements. Juste assez pour pouvoir rentrer chez moi et pas trop m’sentir brisée en dedans. Le reste se faisait piétiner. La mer avalait tout. Et le bateau passait. Et la vague happait.
J’tai regardé t’en aller. J’pense que t’étais juste tanné de danser maladroitement. Ton corps était lourd à bouger de tout c’qu’il avait en dedans. Mon corps était fatigué aussi, comme s’il avait été rué de coups. J’avais presque tout oublié.
Les morceaux collants qui trainaient par terre me ramenaient à moi tranquillement. Mes pieds s’enlisaient dedans. Mon corps était lourd. Il demandait. Encore. Plus. De ton vent.
Le bateau a passé. Je me suis fait happer par la vague. Mes bras on volé dans le vent.
Comme un oiseau trop sonné j’ai foncé dans la fenêtre et je me suis effondrée. Tout était flou, y avait plus rien de vraiment clair. Sauf les lumières, il y avait vraiment beaucoup, beaucoup de lumières.
La barque dans laquelle je me suis évanouie m’a laissée au coin de chez moi. Un peu plus légère. Au matin je me suis refais de beaux petits paquets en papiers bleus. Je les ai bien reficelés à mes petits bras raqués. Je me suis redessiné des limites au crayon noir. Beaucoup autour de mes yeux. Pour mieux voir. Pour mieux me faire envahir. Pour mieux avaler. Les tempêtes. Toi. Peut-être. Tu. Me. Fait. Chavirer.
J’suis mieux quand même quand j’te vois pas.
Mais.

dimanche 19 juin 2011

roux


Mets des sous dans une machine pis fait briller des lumières artificielles. Mets des sous avec tes mains qui rouillent. Fait briller des lumières artificielles. Fait chanter des chanteurs enfermés. Mets des sous dans la belle vieille machine avec tes mains qui rouillent avec ta face pis tes épaules pis ton dos qui rouillent comme tes cheveux comme ta barbe de 3 jours. Pis fait briller des lumières artificielles. Fait briller la Marilyn épinglée su l’mur qui attends depuis 20 ans. Fait nous briller qu’on shine du dedans. M’semble que ça fait longtemps qu’on attend. Pis que j’ai peur de m’mettre à rouiller par en d’dans.
Mais si c’était toi. M’semble que ça s’rait pas pareil si c’était toi.
Ce soir, tu peux mettre des sous dans une machine pis faire briller des lumières artificielles. Mettre sur moi tes mains aussi. Faire chanter des chanteurs enfermés. Dans une belle vieille machine. Par ma bouche entr’ouverte.
Fais-moi briller. Ça fait longtemps que j’t’attends.
C’est rare qui en passe des gars comme toi dans ce vieux bar là.

jeudi 16 juin 2011

Arrache ta bouche pour mieux me voir


T’as un beau grand sourire qui monte jusqu’aux oreilles avec des grandes lèvres un peu pointues dans les bouts pour te chatouiller tes lobes avec des grands trous. Elles sont toutes rondes en même temps elles sont toutes juteuses tes lèvres. Mes pieds se balancent parce qu’ils ne touchent pas par terre dans les autobus et les tiens se tiennent tranquille. Ils attendent. Je sais pas ce qu’ils attendent. Ça me rend un peu nerveuse. Ton sourire monte jusqu’à tes oreilles. Tes lèvres ont l’air bonnes. Elles ont l’air pleine de frais. Elles ont l’air d’une belle barque sur un grand lac en juillet. C’est l’été. Y fait chaud. J’ai la face pis le dos toute mouillé pis mes fesses collent sur le banc. Quand je vais me lever je vais avoir des cuisses-melon-d’eau. Tu vas peut-être sourire avec ta bouche-tranche-de-melon-d’eau.
Tu sais c'que j’aimerais? J’aimerais ça me lever pis mordre tes lèvres très très fort. Je les mangerais jusqu’à tes gencives. Je les grugerais les yeux fermés en faisant hmmm. J’aurais du jus de ta bouche-melon partout sur le menton. Je m’essuierais avec mon bras, ça me ferais sourire comme quand j’étais enfant. J’aurais les joues pis les poils du bras toute roses je serais toute collante de toi. Je m’en irais parce que ça serait mon arrêt pis tu te dirais en lichant tes gencives que j’ai des cuisses de melon d'eau. Mais tu pourrais pas me manger. T’aurais pu de bouche-sourire. Faque j‘serais rassasiée. Pis en sécurité. J’ferais toute ça même si tu crierais aouch-arrête-arrête, pis j’suis certaine que personne t’aiderais. Tout le monde regarderait leurs pieds qui balancent et qui attendent.
J’pourrais te manger les lèvres en paix dans la 139 par une journée super chaude d’été. Après tu me regarderais mais tu pourrais plus me manger (si-le-loup-y-é-tait-il-nous-man-ge-rait).
Mais une bouche-melon-d’eau ça ce déguste quand y fait vraiment chaud tsé. Pis je débarque toujours trop vite. J’arrête après 3 arrêts.
Faque oublie-ça (promnons-nous-dans-les-bois---pen-dant-que-le-loups-nyest-pas.)

lundi 13 juin 2011

bleu marin

Pour G.


Je n’ai pas 25 ans. Je suis une tempête. Et j’ai des milliers et des milliers de bagages. Alors je suis très vieille. Et c’est pour ça que certain jours je me sens lourde et fatiguée. Que des fois je sens l’urgence de vivre très très vite. Une tempête n’a pas d’âge, elle ramasse tout sur son passage. Il n’y a pas de quota, elle peut tout dévorer (des fois j’ai peur d’avoir trop de choses en dedans). La vie d’une tempête ne se compte pas en années.
Je vais la compter en bagages parce que c’est ton idée.
Tu m’as dis qu’on pouvait calculer la vie en bagages. En amis, aventures, souvenirs ramassés ou laissés sur notre passage. Plutôt que de compter simplement en années. Tu m’as dis que j’en avais beaucoup ramassé, durant mon passage-tempête. Et que j’avais laissé des souvenirs aussi (et là, c'est comme si tu m'enlevais une petite écharde du coeur). 
Ici tous mes bagages ont leur place. Heureusement j’ai un petit rangement froid en bas. Derrière deux grandes portes de métal. Tout à sa place.  
Et toi, tu fais parti des beaux bagages. Ceux que j’ai trainés avec moi dans l’auto quand je suis partie. Je t’ai mis dans une belle boîte à chapeau. Mis à part la grandeur, ça te va très bien une boîte à chapeau. Elle est en velours bleu marin avec une grosse boucle en soie dessus.
Eille, merci.

samedi 11 juin 2011

Cravate.

J’aurais juré que c’était toi. Sur le côté droit de la scène. Mon ami m’a fait remarquer que presque tous les gens autour de nous étaient habillés comme Toulmonde. Je lui ai dis que c’était comme ça dans les spectacles de musique. J’me tiens avec des gens qui ressemblent à Toulmonde. Dans les shows souvent ça m'arrive de les voir partout, mes amis petits-barbus-lunettés.
-          J’ai tu l’air de Toutlmonde moi?
-          Non pas toi.
Toi non plus. T’étais accoté sur le mur du côté droit de la scène. T’avais une bière une chemise bleue pâle pis une cravate. T’avais l’air de sortir du bureau. Trop sérieux. Qu’est-ce que tu faisais là ? J’aurais juré que c’était toi. La même p’tite bette d'enfant, mais en cravate.
J’t’ai regardé milles fois. Juste pour être sure. Je voulais être vraiment vraiment sure. J'voulais être sure qu'après que mon regard ce soir retourné la p'tite subtilité qui faisait que c'était pas toi s'envolait pas. J'voulais pas que ça soit une blague de la vie de faire que j'te reconnaisse pas. Je te regardais du coin de l'oeuil pour la checker, la p'tite subtilité. Étais-tu vraiment aussi grand que ça?
Une p’tite fille super trop énergique avec des cheveux court frisés habillée comme Toutlmonde (mais avec un petit top blanc d’où on voyait dépasser juste un peu sa brassière noire aussi) t’as tombé dans l’œil. Ou tu cherchais juste à ramasser quelque chose qui tombait ce soir là. Comme la tempête dehors qui nous tirait milles saletés dans les yeux. Ché pas. Moi aussi j'avais des saletées dans les yeux, les maudites subtilitées. C'était jour de tempête. On pouvait pas faire autrement.
T’étais pas habillé comme Toulmonde pis moi non plus. Moi avec mes jeans bleu pâle trop déchirées pis toi avec ta chemise bleu pâle bien repassée. On fittait pas sauf pour c'qui est de la couleur du ciel. Moi le ciel, il me serrait l'entre-jambe et il laissait passer mes genoux et des bouts de cuisses dans du fil comme des nuages. Toi le ciel, il était soigneusement glissé dans ton pantalon. Est-ce que c'était des mains de fille qui t'avaient aidé à rentrer le ciel dans ton pantalon? (parce que j'aurais été un peu jalouse de ça)

On fittait pas. Pantoute. J’me rassurais en me disant que c’était pour ça que tu me regardais pas. J'me rassurais en me disant que c'était pas parce que tu m’avais oublié. Mais tu me connaissais pas. Pis t'avais des saletées frisées dans les yeux. C’était surement la tempête. Ou Toulmonde. Qui me faisait ça.
J’étais jalouse d’la petite femme-fille Toulmonde frisée. T’es même allé la rejoindre à la fin de la soirée.
J’me demandais comment ça s’pouvait qu’un gars en chemise bleue pâle avec une cravate aime cette musique là. Mais tu chantais fort en fermant les yeux. Comme moi. Ton grand corps (t'étais vraiment pas aussi grand que ça) sautait aussi. Tu devais écouter ça en cachette dans ton bureau fermé devant ta grande fenêtre.
Y a une chose qui te trahissait. Ta cravate. Elle était toute bien entortillée et ses petits coins en bas étaient bien pliés bien retournés. Elle dansait elle avec, elle volait. Ça pouvait pas faire autrement qu'être toi. Qui savait plier les cravates comme des avions en papiers. Les avions c’était toi. Tu devais écouter ça en construisant des avions. C’est le genre de musique qui doit bien faire voler les avions, que j'me disais.
J’aurais juré que c’était toi sur le côté droit de la scène. À cause d’la bette d'enfant pis des avions.

Mais y a des personnes, des moments, qui s'effacent. Pis qui nous laissent juste un p'tit souvenir chiffonné. Pis après même si tu mets tes fesses dessus pendant toute une journée, même si tu danse comme une folle sur place pour le piétiner, y a rien à faire. Y r'vient pu. Jamais. Comme avant.

C'était pas toi.
Dehors y faisait tempête. On avait tous des saletées dans les yeux. Mais ton corps était plein de ciel pis le miens avec.

Ça pouvait pas être toi. Trop chic. Toi, t’aurais vraiment fitté avec la musique.

Faque j'ai fermé les yeux. Je me suis laissé bercer par Toulmonde. Pis j'ai chanté fort. Vraiment fort. Le plus fort que j'ai pu.

jeudi 9 juin 2011

Pis j'ai passé le balai pour mieux commencer la journée.

J’ai tellement rêvé fort à elle cette nuit que je sais qu’elle aussi elle a rêvé à moi. Tsé, quand t’es vraiment certain.
On a fait tout c’qu’on peut pas. On s’est serré fort dans nos bras. On s’est tout dit vite vite. On était pressé. Même là on pouvait pas tout. À cause d’la vie. Elle nous trouve toujours partout.
Je suis allé lui chercher à manger parce qu’elle avait faim. J’ai du traverser un train en plein crash pour aller lui porter. Mais je l’ai fait quand même. C’était important, ma parole. C’était important qu’elle ait enfin plus faim.
Mon rêve. C’était un peu comme des excuses. Des excuses cheap avec des yeux sur le dessus des pieds qui se tortillent pour rentrer mieux dans l'plancher. Mais des excuses.
Dans vie y avait un train pour de vrai. Qui crashait aussi. Presque pareil. Je lui ai dis 
-          Désolé j’peux pas rester j’ai un train à prendre moi aussi (tsé la vie c'est ça tu l'savais hein).
Comme si la vie c'était une excuse. Au contraire.
Elle avait faim. Pis j’ai pas traversé l'train.

J’ai explosé le fragile tableau du sommeil qui se tenait en équilibre sur mon nez quand j’me suis réveillé. Y avait partout des p’tits morceaux de femme cassée.

Comment va l’voyage? Moi ça va. Mais j’me sens seul.

Pis j’ai passé le balai pour mieux commencer la journée.

mercredi 8 juin 2011

Les balades en repeat ça rends fou. Finalement.


Mon téléphone c’est ta maison. T’es t’un entortillé dans un fil tout l’temps un peu pogné dans tes épaules dans tes bras longs. T’es t’un grand slaque long long long ton corps fait de chez toi à chez moi tout l’temps, quand t’es pas rond. À me chuchoter à chialer un peu des fois en p’tite boule dans ta maison dans mon téléphone. Récemment t’es passé de mon téléphone à mon oreille. Tu trouvais que tu m’entendais pas bien pis t’es trop douillet pour te lover dans une canne de conserve. T’as sauté. Comme on tombe amoureux à sa 4ième bouchée de froot loops sans avoir couru après. Dans l’fond de mon oreille tu t’es fait un p’tit nid avec mes cheveux pis de la poussière que t’as bien collé avec les tout petits postillons des gens qui me chuchotent encore à l’oreille. Pour mieux te faire mal dans ton nid douillet. Pour mieux m’aimer tu disais. Dormir dans un lit d’eau-salive de tous les autres. Ceux qui mettent encore leur bouche près de mon oreille. Pas comme toi. Qui met tout l’temps ton corps tout entier dans mon oreille. Ton corps-chanson-conversation. Je l’entends respirer bouger j’entends tes petites peau mortes se détacher de lui comme une roche qui se détache du sommet d’une grande montagne tes petits boutons de chaleur explosent comme les tours qui font peur aux oiseaux l’écho de ta peau dans mon oreille me rends sourde je n’entends plus rien que toi-montagne-tour-oiseau.
Tu dois t’y plaire, dans mon oreille-caverne. Je sens tes cheveux en bataille et ta barbe qui commence à être trop longue me chatouiller jusqu’à partout. Et tes doigts qui griffonnent des numéros. Comme un fou. Comme des rats qui courent dans les murs tu te faufile derrière ma cabane ma peau tu coures tu chantes tu cloche-piétines le dessous de ma peau. Je t’entends siffler souffler défricher descendre plus bas monter dans ma tête court-circuiter. Sur ma langue même te reposer. Crinquer mon cœur chaque jour pour ne pas que. Atchoumer dans mon ventre parce que c’est la saison des pas-laines et que tu m’trouves pas assez habillée. J’entends ton corps-chanson-conversation-montagne-tour-oiseau tout l’temps. Y s’tiens su l’bord de mon oreille y s’entortille dedans ton grand corps slaque de grand gars trop géant à côté de moi. J’entends pu l’temps. Qui dois quand même me rappeler de manger me réveiller sortir de mon lit. J’oublis. J’entends pu l’temps j’t’ai dis. Pis toi tu m’écoutes pas. T’es trop occupé à t’occuper dans mon corps.
Faque t’as gagné j’vais t’appeler encore juste une dernière fois mais ça va être pour te demander de. Ça va être pour te supplier de. Ça va être pour te crier de. S’te plait retourne dans ta maison. Je sais on est bien quand t’es dans moi. Quand y a pas trop de bruit nos corps-coquillages font des échos de belles chansons. Mais J’ai besoin d’entendre le temps pour pouvoir continuer à me lever manger respirer. J’ai besoin de ce bruit là. Les balades en repeat ça rends fou. Finalement.
Faque j'compose ton numéro encore.
Comme un fou.
Une dernière fois s’te-plait après rentre chez toi. On s’parlera quand tu va être rond. Tu te mettras en boule dans mon téléphone tu pleureras un peu, silencieusement, pour changer de chanson. Ça fera d’la pluie dans mon oreille. Elle oubliera les hommes. Qui mettent encore leur bouche près d’elle. Juste. Pour un petit petit moment.

mardi 7 juin 2011

Mister freeze.

Ta barbe est faite en points d'exclamation. Tes yeux sont bleus comme mon mister freeze qui est bleu comme une piscine dans l'fond. C'est l'été. Exclamons nous don. Explose don sur ma peau exposée. Explose don ton hérisson sur ma peau d'été. J'suis blanche comme ton mister freeze encore. Mange moi don avant qui soit trop tard. Je fond je fond. Ta barbe est faite en points d'exclamation.

lundi 6 juin 2011

Tempfête-couleur.



J’étais vraiment fatiguée genre j’ai-vraiment-l’goût-de-choker-mais-j’peux-pas-c’est-ma-fête-pis-je-suis-une-pirate-arrrrr. Je m’en allais chez ma belle amie super fine qui m’avait invitée à souper pour la vraie journée de ma fête parce que toutes mes autres amies avaient quelque chose d’autre à faire  du genre : mais-c’est-pas-grave-maintenant-que-t’es-là-on-va-pouvoir-se-voir-tout-l’temps-de-toute-façon. C’est pas un âge comme les autres ça l’air 25 ans tout l’monde fait des grands O avec leur bouche en disant le-quart-de-siècle avec des points d’exclamations partout sur leurs joues piquantes quand tu dis « j’ai 25 ans aujourd’hui ».
 Ça m’fait rien. D’avoir 25 ans. Sauf que des jours quand je me regarde dans le miroir j’ai l’impression que ma peau commence à être trop grande pour moi. Un tout petit peu. Mais ça m’dérange pas de vieillir. J’ai full hâte d’être une vieille petite madame tannante. Sauf que je l’sais pas comment j’va me sentir dans mon habit de peau trop grand quand ça va être le temps. On verra. C’est comme ça que j’me sens, j’me sens on verra. Pt’être que ma peau elle s’agrandit pas. P’t’être qu’elle pleure ou p’t’être qu’elle sourit juste un peu par en bas.  
En tout cas j’étais fatiguée mais j’étais contente pareil. Je marchais toute zen sur maisonneuve en écoutant d’la musique de soleil fort fort dans mes oreilles. J’suis arrivé dans le boutte où y a un gros trou plein d’eau pis de déchets pis tout l’temps un oreiller qui flotte dedans pis des clôtures tout l’tour. Trois gars m’ont demandé que je prenne des photos d’eux parce qu’ils venaient de déménager pis qu’ils trouvaient qu’un trou plein d’eau avec un oreiller qui flotte pis des déchets sur maisonneuve c’est beau pour une première photo de colocs (y avait le soleil qui se couchait en arrière faut dire). J’ai demandé si c’était une joke pis ils m’ont fait des faces de je comprends pas pantoute pourquoi ça serait une joke. J’ai dis
-          Oké oui tu m’fais confiance en maudit de m’laisser ton kodak.
Y en a un qui a dit
-          T’as l’air smatt.
 J’ai pris deux belles photos. Sur une ils faisaient semblant d’être les Daltons.
Je leur ai dis
-          Deux belles photos c’est assez j’suis pressée bonne soirée.
Quand je suis arrivée chez ma belle amie elle m’a serré fort dans ses bras pis on s’est dit c’est super maintenant je suis là pour vrai tout l’temps tout l’temps.
Elle m’a dit
-          J’men allait fumer dans la cour.
J’ai dis
-          Oké j’y va avec toi.
Elle est bonne menteuse mon amie.
J’étais nus pied. Dehors y avait des ballons de toutes les couleurs attachées pas serrées pour pas faire mal aux arbres pis plein d’amis de toutes les couleurs aussi. Y en a qui voulaient mettre des lucioles dans les ballons sans leur faire peur pis j’ai failli pleurer parce que c’était beaucoup trop d’amour en même temps.
J’ai été mettre mes bottes parce que j’savais pas trop quoi faire d’autre. J’ai plié le bas de mes culottes pis mes yeux mouillés pis j’ai monté mes bas bien serrés par-dessus pour qu’ils tiennent bien dans mes bottes. C’était le plusse beau cadeau du monde. Ça m’a fait du bien en dedans pis j’ai oublié que j’avais pas vu ma peau grandir.
Ma belle amie bonne menteuse m’a fait une belle carte. C’est moi dans une ville-tempête qui plonge pis qui vole dans plein de vagues de couleurs. Y a des plumes de collées dessus. Parce que ça va mieux pour voler.
J’me suis tortillé les pieds dans mes bottes pas assez serrées j'ai encore failli pleurer.
Quand vous me l’avez demandé j’avais juste des réponses quétaines à vous donner.
-          C’est quoi ton vœu pour l’année?
J’ai répondu quelque chose comme : le bonheur.  C’est tout. Ça l’air fou de dire ça mais c’est tout l’temps juste ça que je demande.
Mais dans l’fond j’ai tellement l’goût de bien voler dans les tempêtes-couleurs.
Faque j’ai décidé pour faire changement que c’était ça mon vœu pour la prochaine année. Mieux voler dans les tempêtes-couleurs.

(Merci merci merci merci).

vendredi 3 juin 2011

Maudit



À deux on était une belle paire d’épaules écrasées. Couchés. Côte à côte. Étourdis. Sonnés par la folie des moments d’éternité qui commencaient à pointer le bout de leurs nez. Autour de nous autres, la soirée. Pis ses p'tits morceaux. Ils mouraient, la soirée avec ses p'tits morceaux d'invités. Épaule gauche épaule droite écrasées. Nous autres. On était immunisés.
J’aurais du me laisser porter que'que part là-dedans, entre le trop bon pis le juste assez bon, pour pas que ça pogne dans l'ventre. Pour que ça chatouille dans l'ventre juste. Comme un nid de fourmis dans une épaule. Mais j’ai pensé. Pis j'me suis dis je vais fermer les yeux juste-une-p'tite-seconde. Pis j’ai plongé dans le bon jusqu’au fond mais trop dans l'fond comme dans trop c'est comme pas assez. Pis j’me suis endormie. Maudit.
La plupart des histoires qui meurent, meurent comme ça. On s'endors. On pense que demain on va s’en rappeler.
Pis demain on s’en rappelle pas.
Demain c’est pu l’éternité.

Pis on se réveille poqué pis on se d'mande pourquoi on mal à l'épaule pis on se rappelle pas. On se doute même pas qu'y a une autre épaule que'que part qui conduit un char en se disant eille-j'ai-mal-pis-j'sais-même-pas-pourquoi.
Le même mal. Y'é resté figé. Y'électrisera pas l'corps de personne.
On a manqué l'éternité. Une histoire morte encore.
Maudit.

Sauf que ça m'console de m'dire que les histoires qui vivent des fois c'est maudit aussi.

jeudi 2 juin 2011

On ne peut plus se fier à rien

Gris contemporain (la peinture pour les murs tsé) c'est du beige.
Attention. Peut être qu'il faudra revoir toutes nos perceptions. Dans le futur.
Tsé.

Je déteste les déménagements.

Le gars de Bell vient pas installer internet pis dans ma tête c'est bordel-peinture-boîtes-lavage-dormirdormirdormirsvousplait. C'est tout rien d'autre. Ah oui pis la couleur de ma chambre s'appelle Sinistre pis j'ai plein de picots de Sinistre partout su l'corps.

Ça m'va bien m'semble.