vendredi 29 avril 2011

p'tit moment de beau


J’étais assise dans un café aujourd’hui et je lisais un livre (un bon livre qui fait pleurer). Je devais être dans le bon état d’esprit: le livre, l’odeur du café et du gras de bacon qui flottait dans l‘air, l’inexplicable réconfort pour mes pieds mouillés du bol de café au lait dans mes mains, la vie qui ralenti depuis quelques jours parce que je le lui ai permis, un silence spécial brisé seulement par le cliquetis des cuillères sur les parois des tasses, une espèce de chaleur partagée, des chuchotements qui volent et qui s’accrochent aux quelques filles boucle d’oreillées qui tendent leur curiosité, comme moi, par dessus leur livres tristes de jours de congé. Je devais être dans le bon état d’esprit pour accueillir la beauté.

Elle est entrée avec lui, tranquillement. Ils avaient l’air fatigués. On reconnait je crois quelqu’un qui souffre à son air terriblement fatigué, à son air lourd et silencieux. Ils se sont prit un café et se sont assis. J’ai observé leur conversation de loin avec respect comme on regarde un film muet (et comme on peut espionner une conversation de loin ‘’respectueusement‘’, très très discrètement). Leur mouvements étaient lourds et tristes et portaient quelque chose de cassé. Les chuchotements et les cliquetis volaient toujours de la même façon mais leurs ailes semblaient plus lourdes, peut-être plus gênées par le gras de bacon dans l’air ou restaient-ils pris dans les brisures qui émanaient du couple et qui faisait des vagues autour d’eux, comme une roche tirée dans l’eau.
 
Il est parti peu de temps après en laissant son café encore fumant réchauffer l‘air qu‘il laissait comme saisi d‘un grand froid. Elle se tenait devant deux café chaud. Ses lèvres encore entre-ouvertes refroidissaient pourtant.
 
Des larmes se sont mises à couler sur ses joues. C’est si beau, une femme qui pleure dans un café. Ses larmes tombaient silencieusement dans l’ambiance du café en faisant de grandes grandes vagues, et les filles reposaient leurs yeux dans leur livres tristes doucement (comme on cesse d‘espionner une conversation quand c’est le temps, très, très discrètement). Quelque chose s’était brisé et risquait de s’éparpiller, pourtant elle restait entière et tellement vraie.
 
Elle s’est levée, laissant les deux cafés fumer seuls, abandonnés. J’avais envie d’en prendre un, de crier à quelqu’un de prendre l’autre, j’avais envie d’adopter vite ce silence cette chaleur cette brisure, tellement elle était délicate, tellement elle était belle. J’avais envie de regarder ce café fumer toute l’éternité.
 
Elle s’est levée et il s’est mis soudainement à pleuvoir très fort.
 
Tout le monde a tout d’un coup regardé dehors puis nous nous sommes regardés, soulagés, comme si nous partagions une petite misère (comme les gens aiment partager de petites misères), mais je crois que personne ne savait.
 
Elle est sortie discrètement dans la pluie et dehors personne ne savait non plus. Personne ne savait qu’elle était belle et qu’elle pleurait. Personne ne savait que des larmes qui tombent font des vagues, qu’elle se tenait au milieu d’une mer tranquille et juste assez saline pour laisser flotter, pour supporter la beauté. Personne ne savais que, contrairement à elle, la pluie ne fait pas de vague. Que la pluie tombe, s’écrase, s’éparpille et meurt, simplement. C'est pour ça je pense que les gens préfèrent la pluie aux larmes, c'est moins compliqué.
 
Elle est sortie et elle a marché, vivante sous l'averse, la tête baissée.
 
Et j’ai regardé les deux cafés qui fumaient seuls, tranquillement.
 
Et j’ai terminé mon livre triste de jour de congé,
 
et j’ai pleuré.

jeudi 28 avril 2011

La fille à la basse.

J’étais assise à une table juste cachée un peu, pas trop sur le bord du mur mais pas trop dans l’milieu non plus. C’était une soirée jam. Tout l’monde bougeait là-dedans avec son instrument comme s‘il savait où il s‘en allait exactement. Pour moi les jams ça tiens toujours un peu du mystère, que mis sur une scène avec des instruments, tout plein d’inconnus semblent tout d’un coup se connaître et savoir où ils sont et où ils s’en vont, parfaitement.
 
Tout dans la vie devrait être comme un jam bien réussi. On devrait toujours se sentir autant à sa place on devrait toujours sentir que ça fait autant de sens qu‘on se connaît qu‘on sait où on est exactement et où on s‘en va.
 
C’était
super
beau.
 
J’étais assise pas trop sur le bord du mur mais pas trop dans l’milieu non plus, juste assez dans le noir pour que les musiciens ne puissent pas me regarder dans les yeux mais assez dans la lumière pour qu’ils me voient taper du pied et chanter avec eux un peu. J’étais juste assez bien cachée pour ne pas trop être seule mais quand même seule un peu. Je buvais beaucoup beaucoup de bière j’écoutais la belle musique je regardais les gens descendre-monter de la scène changer d’instruments pis faire d’la belle musique encore tout l'temps. Dans les super beaux moments, ceux où tout était en parfait harmonie, la guitare nous tirait le bras nous disait vient-en suis moi le drum pompait notre sang donnait des coups de pieds sous nos corps fatigués réveillait notre peau la basse sur son dos frappait plus fort soulignait le passage du sang dans chaque partie de notre corps pis dans notre coeur qui se laissait bercer balancer par la voix rauque douce qui chuchotait qui criait et le clavier nous faisait tourner nous tordait les oreilles nous flattait le corps, y avait pu personne pis tout l’monde était tout l’monde en même temps, y avait pu chose pis son ex pis l’autre qui la trouve de son goût pis elle qui regarde son chum avec des yeux plein d’peine pis elle qui regarde l’autre avec des yeux plein d’amour pis les deux là qu’y se r’gardent un peu pis celles qui se trouvent belle pis ceux qui l‘sont pas ceux qu‘on regarde pas. Y avait juste une gang de monde qui tapent du pied pis qui sourient un peu dans leur têtes, des têtes pleines de sourires pis d’yeux semi-ouverts, des corps rempli d‘yeux pis de sourires. Tout dans la vie devrait être comme un jam bien réussi.
 
Mais c’qui avait d’encore mieux d‘encore plus beau, c’était la fille aux cheveux longs qui jouait de la basse. Tout dans la vie devrait être comme un jam bien réussi avec une fille comme elle avec ses cheveux longs qui joue de la basse vraiment bien.
 
C’était super beau.
 
C’était comme si tout d’un coup on se connaissait pis on savait où on s’en allait exactement. Comme si à elle toute seule elle me tirait le bras elle me disait vient-en-suis-moi qu’elle pompait mon sang qu’elle donnait des coups de pieds sous mon corps fatigué réveillait ma peau frappait plus fort pour souligner le passage du sang dans chaque partie de mon corps dans mon petit coeur puis me berçait me balançait, douce, rauque, chuchotais criait me faisait tourner me tordait les oreilles et me flattait l’corps.
Tout en même temps.
 
On ne se regardait pas dans les yeux mais je chantais avec elle pis je tapais des mains un peu. J’étais juste assez toute seule. Elle avait les yeux semi-ouverts pis elle jouait d’la basse vraiment bien au travers de ses ch'veux. J'pense qu'on souriait dans nos têtes, un peu.
 
J’étais assis à une table pas trop cachée sur le bord du mur mais pas trop dans l’milieu non plus.
 
C’était une soirée jam c’était super beau.
 
Elle je l’avais vu passer dans la soirée plus tôt je l’avais même pas remarqué j’avais tourné la tête y en avait d’autre plus belles mieux habillées, celles avec des belles jupes avec des gros zippers noirs pis des beaux collants pis des belles camisoles d’été pis des bottes de cowboy, genre. Y en avait d’autres plus belles que je ne regardais pas aussi. Y avait plein de garçons qui regardaient trop pis y avait ceux qui regardaient pas.
De tous, ceux là c’était eux les plus beaux.
 
Au travers de la foule dans le bar la fille aux cheveux long qui joue de la basse avait l’air de rien qu’une fille aux cheveux long parce qu’on savait pas qu’elle jouait de la basse. C’est ça qui est beau c’est quand on attrape une partie du mystère pis qu’on le tiens juste un peu qu’on le touche du bout des doigts. Sur scène le monde devient comme mieux plus vivant, tout, dans la vie, devrait se passer comme sur la scène d’un jam bien réussi.
 
Sur scène elle s’est animée, les yeux semi-fermés, c’est comme s’ils s’étaient ouverts pourtant, je l’aurais juré. Elle avait une partie du mystère entre les doigts même si ça paraissait pas pis elle nous le jouait sur sa basse.
 
C’était super beau.
 
Tout l’monde souriait un peu en claquant des mains en tapant du pied on était un grand sourire des grande lèvres semi-ouvertes c’est comme si on avait ouvert un grand vortex on était plus beau que la pluie qui tombait dehors c’était le déluge dans nos corps on faisait le même son que l’eau qui tombait du ciel sur le sol mais en mieux, elle était la plus belle dans notre vortex elle était la paire d’yeux elle était drette dans le milieu elle était la reine Toulmonde elle jouait d‘la basse merveilleusement bien elle nous dirigeait elle nous disait c’est dans ce sens là qui faut aller mais comme quelqu’un qui venait juste de le trouver elle nous jouait c’est vers là qui faut aller toulmonde, j‘vous l‘promet.

Pis on l'écoutait.
 
Le temps s’était comme mis à danser on se sentait tout nu du dedans tout s’était changé en un grand sourire nos corps étaient comme deux grandes lèvres grandes ouvertes on partageait la sensibilité de toulmonde qui tapait des mains qui bougeait les lèvres qui répétait j’vous l’promet j’vous l’promet j’vous l’promet.
 
J’suis sure que sur son corps tout nu à elle en d’ssous de son t-shirt gris y avait un gros zipper noir qui partait du dessous de ses seins jusque bas bas dans l’bas de son ventre. J’suis sure qu’en dedans y avait toute nos dedans qui étaient vidés de la regarder jouer. Dans son ventre y devait y avoir quelque chose comme toute notre nudité.
 
Tsé dans la vie, tout devrait être comme un jam bien réussi.
 
Ça serait super beau.
 
On devrait tous jouer d’la basse pis sentir nos extérieurs vibrer pis nos dedans jusque dans l’bas de nos ventres bien remplis de sourires pis d‘yeux semi-fermés.

lundi 25 avril 2011

pis joyeuse pâques




Des fois je l’sais j’écris des choses que les gens comprennent pas mais ça m’dérange pas pantoute pantoute. Je serais vraiment heureuse si les gens comprenaient juste ce qu’ils veulent comprendre. C’est tout.


J’voudrais que mes mots soient comme un frame pour c’que vous voulez comprendre juste ça. Un p’tit frame ou un grand frame beau ou laite ça dépend des jours pis du monde ça m’dérange pas pantoute pantoute j’aime ça écrire des choses que les gens comprennent pas.


Aujourd’hui j'dirais par exemple quelque chose de ben simple, quelque chose que tu comprendras p’têtre comme :


J’m’endure pas
J'pense que je fais une indigestion
de moi
pis de chocolat


Pis j’te donne la permission de prendre ça comme un beau frame
pis de dessiner un grand cœur dedans
pis tu peux même te l’offrir à toi de moi.
ou à moi de toi tout dépendant.


C’pas si dur que ça tu vois.


Pis si t’as rien à faire à soir tu peux même t’assoir à terre pis faire un grand casse-tête avec toute ça, ça va être beau beau tu te dessineras c’que tu veux tu mettras plein d’couleurs ou pas, plein d’ordre ou pas dans mes p’tites pattes de lettres pliées pis drettes. Tu peux toute les déplier ou les croiser ou les ouvrir grand grand jusqu’à les déchirer, ça m’dérange pas pantoute pantoute, fait moi juste que’que chose à ton goût fait moi un beau dessin avec ma tête-cassée.
Pis p’têtre qu’à soir j’m’endurerai mieux sans savoir pourquoi
pis p’têtre que ça va être grâce à toi.

Pssst, tu va voir à soir quand tu va t'assoir à terre pour me faire un beau casse-tête que dans c'te frame là y a beaucoup de pis pis de pantoute (j’suis ben d’accord avec toi). 
Ben si ça te tente mais juste si ça te tente, pourrais-tu les prendre pis m’en faire une belle robe bleue? M’semble que ça s’rait beau une robe de pis-bleus. Avec les pantoute j'sais pas, fais c'que tu veux, une bobette en dentelle ou des souliers.


Merci ben en avance en tout cas.


Pis Joyeuse Pâques

samedi 23 avril 2011

Belle corbeau.


J’ai appris qu’y faisait pas beau dehors sur facebook parce que j’me lève pas aujourd’hui je passe une journée-nuit. J’entends le monde passer comme des gros animaux à côté de ma p’tite fenêtre mouillée à la hauteur du sol j’me demande qu’est-ce qu’y font à passer à côté de ma p’tite fenêtre mouillée pendant la journée-nuit y devraient rester couché y fait pas beau.
 
Ça doit puer dans ma chambre la vieille halène d’la veille j’suis rentré sans me brosser les dents j’me suis passé l’index sur les grosses dents pis j’me suis couchée pis j’suis disparue pis j’ai rêvé comme une débile à plein d‘affaire bizarres-belles. Ça doit puer dans ma chambre les maudits ani-maux d’la veille. Mon ventre fait tellement de bruit c’est la guerre comme la guerre jour-nuit c’est genre poutine-fruits j’me vire de bord pour étouffer la bataille dans le lit. Y a pas de gagnants pendant les journées-nuits c’est juste plein d’ani-maux qui passent pis qui font trop de bruit.
 
J’me sens comme pas bien j’ai des images dans tête des photos pis des mots j’espère que toute me reviens pis en même temps j’espère que non. J’ai rêvé à plein d’affaires bizarres-belles ce matin toute se mélange mais je l’sais c’qui est vrai pis c’qui l’est pas je l’sais c’que j’peux pis c’que j’peux pas c’est la guerre dans ma tête la guerre jour-nuit c’est genre tête contre coeur j’me vire de bord pour étouffer la bataille dans le lit mais on dirait que mon lit dit comme non, mes draps sont fâchés y m’serrent j’suis pris de toute façon y à pas de gagnants pendant les journées-nuits.
 
J’me rappelle qu’on était belles comme deux corbeaux on marchait su l’bord des p’tites fenêtres mouillées à la hauteur du sol on courait su l’trottoir les ch’veux dans l’vent on était deux belles corbelles avec nos longues jambes blanches pis nos gros manteaux c’tai beau c’tait beau j’me rappelle que je voulais tuer mes talons hauts à coup de marteau pour être moins belle pour être moins beau pour être moins corbelle mais plus corbeau. Pour elle, j‘me rapp-elle.
 
On était comme deux oiseaux avec plein de belles plumes plein de belle peau sur nos corps de dem-oiselles oiseau beaux beaux. Y a pas de gagnants les jours-nuit toute est vrai toute est faux toute c’qui a dans l’bedon pis dans tête pis dans le coeur. Aujour-nuit ça fait comme un mélange d’oiseau-poutine comme un oiseau ben ben chaud pis super bon que’que chose comme deux belles peaux d’oiselles qui goutent la même chose genre super super bon super chaud.
 
J’ai appris qu’y faisait pas beau dehors sur facebook parce que j’me lève pas aujourd’hui j’passe une journée-nuit pour que toute soit vrai encore un peu pour qu’au moins j’perde pas que j’te perde pas ma p’tite corbelle que j’te perde pas dans mon sommeil ma p’tite corbeille-belle pleine de dodo pleine de mots pleine d’air frais pis de mains pis de doigts pis de toi-elle. T’es une belle toile c’est ça drette comme la couleur de mes murs dans ma journée-nuit pis couchée dans mon lit j’entends à côté de mon p’tit nid mouillé plein de corbeaux passer. Ça m’fait penser à ça, ça m’fait penser à toi-elle.
 
C’est la guerre dans mon lit j’pense pas que j’vais gagner même pas demain quand ce sera plus jour-nuit. J’pense que j’va pas tuer mes talons haut parce que ça m’tiens que’que part en haut pis que c’est logique avec les oiseaux p’têtre que j’va être trop elle p’têtre que j’va être trop oiselle pis qu’à cause de ça ça marchera jamais avec les oiseaux. Esti tout l’monde doit se dire est folle elle, non dites don est folle eau. Y a quelque chose qui fitte tellement beau entre l’elle pis l’eau c’est comme l’eau dans le ciel qui est l’aile des eaux (hein hein). On est rendu loin en crime mais suivez moé, suis moé don on va être deux belles p’tites corbelles au dessus des eaux pis j’va être contente parce que j’va jouer avec les mots pis tu va être contente parce que tu vas te sentir proche du beau de la nature on va être contente toutes les deux pis j’serai pas obligé de tuer mes talons haut.
 
Est folle eau, j’suis folle d’elle. Y a que’que chose qui fitte tellement beau entre l’elle pis l’eau, je suis d’accord quand tu dis c’est beau je comprends maintenant j’fais le parall-elle. Paral-l’aile tu comprends, c’est moi pis elle qui vole qui vole au d’ssus de l’eau avec nos belles peaux qui goutent chaud nos beaux pelles pour détruite les maudits talons-hauts.
 
Tu comprends tu, j’suis contente parce que je joue avec les mots.
 

Faudrait que j’t’amène que’que part où c’est beau pour que tu sois contente avec, mais j’pas bonne là-dedans,
j’connais juste la hauteur du sol pis un peu plus haut.
On pourrait faire une ride de talons-hauts.
 
De toute façon dehors y fait pas belle.
De toute façon t’es beau
De toute façon on est jour-nuit
De toute façon j'fais juste rêver à plein d’affaires bizarres-belles-beaux
De toute façon j'fais juste rêver à des corps-beaux
De toute façon j'hais les corbeaux
De toute façon t’es belle-beau encore oui
De toute façon pour vrai j’hais les talons-hauts
De toute façon demain y annonce soleil en sol-eau
 
 
Pis de toute façon j’ai toute oublié quand le jour-nuit s’est couché (J’te jure)

il avait quelque chose de parfait comme le ciel (pourtant)


Elle se tient debout
dos à la fenêtre
elle attends
la tête légèrement baissée
elle se soumet
debout
les yeux fermés
sa robe bleue flotte dans le vent
il la caresse
elle n’aurait jamais fait ça avant
 
elle étire les bras
il peut lui faire
tout
ce qu’il veut maintenant
 
elle attends debout
dos à la fenêtre
les yeux fermés
la tête légèrement baissée
 
elle sent chaque inspiration
sa robe serre son ventre
puis se détends
elle change
à chaque expiration
elle rapetisse
tranquillement

sa robe s’allonge à mesure qu’elle respire\rapetisse
elle vole dans le vent, la robe
elle, attends


son corps devient tout petit
sa robe bleue glisse sort danse par la fenêtre
le ciel est bleu
comme elle
elles disparaissent
 
il la frappe doucement
fait sortir des cheveux de son chignon
ils fouettent sa peau
tombent sur son visage fermé
juste assez un petit peu de nuages
dans le ciel parfait bleu ciel
 
elle baisse les bras
 
recule d’un pas
 
verse la tête par en arrière
sa gorge
offert-étirée
 
ses épaules descendent
chaque fois qu’elle expire
son cou allonge
sa tête tom-belles tomb-elle s’offre
toute petite
elle vole
dans le ciel bleu ciel
 
il fouette sa peau
elle tomb-elle vole
belle
elle se demande si le ciel veut d’elle
si sa robe est assez bleue
elle se demande s’il est heureux
en tout cas
il peut lui faire ce qu’il veut
dans son parfait bleu ciel.

jeudi 21 avril 2011

p'tits pots cassés.


Ce soir on va écouter d’la musique dans une grande salle pleine de lumières qui flashent vite avec plein de monde qui bougent pis qui se rentrent dedans mais c’est pas grave si on a bu juste assez pour pas s’écœurer. On va écouter d’la belle musique qui donne envie de fermer les yeux pis de rêver pis de se sentir ailleurs un peu même si on est dans une grande salle pleine de lumières qui flashent vite comme dans une machine pour aller ailleurs dans l’temps avec plein de monde qui bougent en même temps en fermant les yeux pis en bougeant les bras pis les jambes pis les ch'veux.
 
Ce soir on va écouter d’la musique avec des roches dans les poches pis de l’amour en pot dans nos sacoches, on va s’accrocher fort à nos sacoches ça va faire gling gling gling l’amour en pot pis les bracelets qui s’accrochent mais on entendra rien parce qu’on va écouter d’la musique ben fort qui donne envie de fermer les yeux pis de rêver pis de se sentir ailleurs un peu.
 
P’têtre que la soirée va avancer en même temps qu’nous si à veut pis qu’on va se sentir bien collé si on est pas trop écoeuré, comme une grande vague on va danser à gauche pis à droite pis on va faire gling gling gling on va s’accrocher en silence dans le bruit tous ensemble les yeux fermés par boutte, quand ça va être vraiment beau pis que ça va dire des phrases qui nous amènent ailleurs un peu.
 
P’têtre que la soirée va avancer pis qu’on va se sentir bien collé pis qu’on va bouger de plus en plus jusqu’à sauter p’têtre qu’on va mettre nos sacoches à terre pis qu’on va danser en rond autour de nos amours en pots p’têtre que quelqu’un d’é-coeuré va piler dessus pis péter un ou deux p’tits pots, p’têtre qu’on va être trop chaud pis qu’on va pas se rappeler de nos amours brisés.
 
Y a des amours qu’on amène dans nos sacoches quand on a l’coeur écoeuré pour les perdre sans faire exprès sans s’en rappeler dans une grande salle pleine de lumières qui flashent vite avec plein de monde qui bougent bien tous ensemble. C’est beau de laisser aller ces amours là dans des endroits comme ça, ils meurent bien ils meurent beau dans les lumières pis dans la musique qui fait fermer les yeux.
 
Les amours en pots se perdent on ferme les yeux pour se sentir ailleurs juste encore un peu.
 
J’fini souvent la soirée nu pieds j’ai trop l’goût de danser en fermant les yeux pis en me jouant dans les ch'veux, des fois j’me pique les orteils sur des p’tits amours cassés ça monte jusque dans la tête de mon coeur ça m’rappelle toujours comme une vieille grande peine passée. Ça m’é-coeur les amours en pots brisés. Ça m'é-coeur.


À soir on va écouter d’la belle musique pis j’va fermer les yeux pour les oublier un peu pis j’va boire juste assez pour pas m’é-coeurer.

dimanche 17 avril 2011

Le vent fait chut.

La neige neige trop alors qu’elle devait s’en aller pis le vent vente trop tout l'temps. Le ciel est tout blanc pis l’asphalte est toute noire, le monde tergiverse moi j’arrive même plus à penser pourquoi don-que la neige neige encore trop alors qu’elle devait s’en aller. Mes cheveux font tic tic tic dans l'vent, on compte le temps moi pis la statique on est ben ben mêlé. La neige fait chier de neiger autant pis le vent de venter sauf qu’il est smatt quand même lui, en passant il m’a soufflé chhuuutttt arrête de brailler c’est enfin la fin oké tic tic tic la neige va s’en aller pis toi avec oké chhuuuuutt.

 Faque c’est ça. Dans une semaine j’va être en congé, la neige va arrêter de neiger pis après ça, c’est l’été. Oké. cchhhuuuuuutttttt.

samedi 16 avril 2011

Crisse de panique.

J’me coupe en quatre pour toute faire correctement j’me plie en deux pour toute protéger comme un grand parapluie mon corps-couteau-parapluie qui fait des p’tit lambeaux de peau-parapluie qui bouche toute les p’tit trous dans les yeux pour les empêcher de se répendre entre les doigts pour les empêcher de s’ennuyer, j’t’habitué.
 
J’plie mon corps circomplexe en deux pour protéger pour mieux parapluiser. Ça fait pas de sens je sais c’est l’bordel dans ma tête dans ma langue dans mes mots dans mon corps. L’affaire c’est que j’peux pas parapluiser en dedans ni en dedans de toi ni en dedans de moi. J’peux pas parapluiser dans la grande marre tsé celle qui s’étend du haut du plexus jusque dans la gorge où tout reste pogné quand on respire où ça reste pris où la grande marre qui à fait son nid ça reste pris la vie se noie tout l’temps.
 
Chaque fois que t’essaie de respirer j’essaye de parapluiser ça sert à rien ça s’passe en d’dans ça s’noie tout l’temps dans ton dedans. J’aime pas te r’garder te noyer. J’aime pas regarder la vie mourir chaque fois que tu respire rester prise dans ta gorge-mandoline qui découpe toute. J’aime pas te r’garder te noyer. Les mots mourir avant de sortir tes soupirs tes hoquets ton corps qui sursaute parce qu’y a besoin que plus de vie rentre tout en même temps j’aime pas te r’garder te noyer. J’aime pas ta gorge mandoline qui découpe toute qui te découpe toi.
 
Je l’sais pas quoi faire pour toute faire correctement j’suis pris dans mon corps circomplexe pis toi dans ta gorge mandoline tout l’temps. On se r’garde on sait même pu quoi faire d’autre que se r’garder pis même pu parler pis rouler sur le plancher pis des fois se flatter l’dos mais pas trop on sait même pu quoi faire pour s’empêcher de se sauver de s‘envoler de se noyer trop longtemps.
 
Crisse de panique, de grande marre de bouette, qui s’étends que’que part dans le haut de ton corps, qui noie tous tes respires, crisse de mandoline qui te découpe les joues pis tes sourires.


Faut que je r’garde toute se noyer, les mots la vie pis toé.

On compte jusqu'à 20 ensemble oké?
 
J’ai un parapluie moi pas une bouée pas une banane pas dé flotteurs pas dé maudits accessoires pour se baigner un maudit parapluie pour quand y fait tempête quand y pleut trop quand y mouillasse quand y neige mouillé j’suis pas bien équipé pour te sauver j’ai juste un p’tit corps-parapluie-circomplexe.

Qu’est-cé que tu veux que j’fasse avec ça devant toi à part pas aimer ça te r’garder te noyer.

J’te dis que j’t’aime mais je l’sais ben, c’est pas assez.

J’te flatte le dos, mais pas trop.

Pis je r’garde les secondes passer.


 
 

jeudi 14 avril 2011

Dormir.

C’est tu possible de sentir à quoi quelqu’un rêve quand tu dors pis que tu te réveille à côté? Parce que moi j’ai tout l’temps peur de ça. Est-ce qu’on est comme transparent quand on se réveille est-ce qu’on peut encore voir les derniers passages de nos rêves en d’sous de nos yeux pis sur notre peau? Même pas les dernières lignes pis les dernières images? Est-ce qu’on peut sentir encore l’endroit où on est allé se sentir encore touché pis ça paraît-tu? Même pas l’odeur pis la marque des doigts?
 
Est-ce que quand on ouvre les yeux notre corps se redessine tranquillement on reste tu toujours un peu imprécis quand on reste pris quand on veut pas s’en aller y reste tu une p’tite partie de nous que’que part là-bas est-ce que tous mes contours mes limites mes formes ne se redessinent pas parce que j’veux rester là-bas?
 
Parce que des fois oui moi quand j’me réveille je sens encore des mains sur moi, est-ce que ça ce voit ça? Est-ce que tu peux savoir que cette nuit j’ai été à que’que part d’assez beau pis que j’ai fait des affaires assez belles? Parce que j’veux garder ça pour moi dans ma tête le plus longtemps possible avant que ça s’évapore. Parce que les rêves ont pas de contours de forme ni de limites mais p’têtre que oui de plus en plus si y gardent les miennes. Est-ce qu’à force de plus vouloir revenir j’peux rester pris là? Ça s’peut tu que j’me réveille toujours un p’tit peu plus brouillon? C’est tu pour ça des fois que j’ai l’impression que ma place est pas ici?
 
J’veux garder ça le plus longtemps possible dans ma tête pis sur mon corps pis sur mes mains pis sous mes doigts pis devant mes yeux pis dans mes oreilles parce que c’est à moi. J’ai besoin qu’on me laisse ça juste à moi, j’ai besoin d’avoir c’te place là pour aller m’cacher mais surtout ces temps-ci j’suis toute mêlée parce que j’pense que j’aimerais ça que ça arrive pour de vrai pis quand j’me couche j’pense fort fort dans ma p’tite tête comment on peut faire pour retourner là c’est quoi le chemin comment je m’y suis rendu l’autre nuit à quoi j‘pensais avant de me coucher, maudit j’aimerais ça que ça soit vrai ces temps-ci.
 
J’aimerais ça aller que’que part d’aussi beau pis vivre ces belles affaires là. L’affaire c’est que dans la vraie vie j’pense qu’y existe pas le chemin pour aller là. Ça se pourrait pas.
 
C’est tu possible de sentir à quoi quelqu’un rêve quand tu dors pis que tu te réveille à côté? J’espère que non parce que ça pourrait me mettre dans l’trouble ces temps-ci.
 

lundi 11 avril 2011

C'est dur de dire bye pour tout l'temps.


Moi avec l'amour j'fais de l'amour-masson. J’aimerais prendre l’amour pis le mettre à côté pis le regarder mais pas toute l’avoir en même temps parce que sinon ça tord en d’dans c’est comme ça on à tous un peu de misère pour que’que chose. Moi c’est pour l’amour faque j’me débrouille avec mon amour-masson.
 
***
 
J’reçois tellement d’amour dans c’temps-ci. J’aimerais mettre tout l’amour que j’reçois dans des p’tits pots Masson. J’les garderais dans l’congélo pour me rafraichir quand il va faire chaud c’t’été quand j’va être loin quand j’va m’être en allé loin. J’les garderais dans l’congélo pour pouvoir les garder frais pour les sortir l’hiver prochain pis les faire chauffer dans une p’tite casserole pour me réconforter quand il fera froid quand ça fera longtemps que j’serai loin pour qu’ils sentent la même chose qu’ils sentent maintenant. Pour que j’me sente comme j’me sens maintenant tout plein de beau pis de bon pis de doux mais rempli de tristesse en même temps. C’est violent l’amour toute en même temps.
 
J’voudrais mettre tout l’amour que j’reçois dans des p’tits pots Masson pour le garder avec moi pas loin mais pas toute dans mon coeur toute en même temps parce que ça fait mal trop de beau pis de bon pis de doux c’est trop rempli de tristesse en même temps pis ça tord en d'dans.
 
J’ai d’la misère à m’en aller, à dire bye pour de vrai bye pour tout l’temps (on va pas s’mentir on le sait).
 
Parce que vous êtes absolument tout parce que vous êtes vous mais que vous l’savez pas pis que si j’men vais qui qui va l’savoir d’autre, je l’sais pas. Parce que j’aurais aimé que vous l’sachiez avant que j’vous dise bye pour tout l’temps.
 
Je l’sais, c’est ça la vie.
 
C’est s'en aller tout l'monde tout l'temps mais j'trouve ça dur de m’en aller, de dire bye pour de vrai bye pour tout l’temps, c’est dur de pas s’mentir quand c’est l’temps.
 
Mais j’suis fatiguée pis j’trouve ça dur de m’en aller pour tout l’temps pis que vous sachiez pas que vous êtes absolument tout parce que vous êtes vous.
 
Pis que j’vous aime assez.
 
Que j’voudrais mettre tout mon amour dans des p’tits pots Masson pour que vous puissiez les garder dans l’congélo pour vous en rappeler tous les jours de l’année pis pas en manquer surtout pas en manquer.
 
Juste pour que vous vous rappeliez que c’est possible, de vous aimer.
 
 
 
Tsé.

dimanche 10 avril 2011

L'oiseau-repère de l'avenue Mont-Royal.


Il était mon gars-repère dans la grande ville de Montréal. On était un peu comme deux perdus qui venaient de la campagne sauf que lui il était plus vieux et plus grand pis ça faisait plus longtemps qu’il vivait là. Quand je suis arrivée il était déjà Montréal. Quand il se promenait sur l'avenue Mont-Royal il avait l’air de s’être toujours promené sur l'avenue Mont-Royal. Il fittait, parfaitement.
 
Plus tard j’ai su que partout où il se trouve il à l’air du gars qui s’est toujours promené où il se trouve. Plus tard j’ai su qu’il avait l’air du gars qui fait rêver les filles, qui leur fait dire p’têtre que j’ai manqué l’homme de ma vie en le laissant passer sans lui parler. Il avait l’air du gars que tu t’imagines dans ses bras mais c’était mon gars-repère, moi je ne le voyais pas comme ça.
 
Mon gars-repère c’était aussi mais surtout mon ami. Je le voyais à Montréal comme le gars qui à l’air de s’être toujours promené sur Mont-Royal mais c’est tout. J’en riais, ça me faisait sourire aussi, mais pas comme un sourire en forme de coeur, comme un sourire en forme d’oiseau avec les ailes pis toute. Il me faisait sourire avec les lignes qui grandissent sur mes joues saillantes comme un oiseau qui s‘envole pis toute. Mon sourire-oiseau s’envolait toujours, il n’était pas fait pour être attrapé, c’est parce que c’était un sourire-oiseau d’amie.
 
Je le voyais rêver des femmes, les chercher, les attendre partout. Elles, je ne les voyaient pas rêver de lui, le trouver et l’attendre partout. Il ne les voyait pas non plus. Il rêvait des autres je pense. Il rêvait d’une autre. Il rêvait de la femme-passé qui ne se trouve pas et ne s’attends pas parce qu‘elle est une momie et qu‘à Montréal les momies ne se trouvent pas. Sa femme-passé-momie ne l‘attendait plus et elle était dans un autre pays. Je les voyaient lui et les femmes, les femmes et lui, et je n’étais qu’une amie. Une amie avec un sexe-muet, un sexe-oiseau qui sourit des fois mais qui s’envole toujours parce que c’est un sexe-oiseau-muet d’amie.
 
Je riais de le voir si enfant et d’être si grand, si poilu, si gars-repère-enfant-perdu qui se promène sur Mont-Royal comme s’il s’y était promené tout l’temps. Je le regardais avec mes yeux-oiseaux qui plissaient et qui s’envolaient avec mes sourires-oiseaux d’amie. Je pleurais le soir parce que mes sourires et mes yeux-oiseaux et même mon sexe-oiseau auraient eu besoin d’un homme-repère. Je mettais mon corps dans de petites cages pour y remédier mais je pleurais souvent parce que ça ne fonctionnait pas. Je pleurais parce que mon sourire et mes yeux-oiseaux s’envolaient dans les rues et dans le ciel sale de Montréal, parce que mon sexe-muet n’arrivait pas à rire et restait prit sous mes jupes, entre mes jambes qui battaient battaient des ailes fort fort dans les artères sales de Montréal, et que mon gars-repère était mon ami et qu’il aimait une femme-passé, il aimait une momie, je pleurais des fois parce que j’étais trop en vie.
 
Un soir d’hiver je sais pas pourquoi il à ouvert sa fenêtre d’appartement de gars de l'avenue Mont-Royal 3ième étage qui donne sur un petit balcon croche qui donne sur la belle nuit de Montréal sur la neige qui recouvre toute le sale sur les lumières qui s’étirent quand tu plisses les yeux sur la neige toute bleue. De sa fenêtre ouverte toute le sale était blanc et multicolore.
 
On était dans un bar il faisait trop noir pour se reconnaître il faisait trop chaud il faisait trop étourdissant pour que mon sourire-oiseau s’envole où il fallait et il l’a attrapé avec sa bouche-repère. Il ne l’a pas lâché de la soirée parce qu’il faisait trop étourdissant et que si on se lâchait on se crashait c’est sur. Dans le taxi on se retenait de quelque chose comme si on se retenait de se reconnaître. Chez eux il faisait noir c’était parfait il à juste prit un petit peu mon sexe-oiseau dans ses mains pour le réconforter il l’a couvert de ses deux grandes mains d’homme-repère il l’a flatté juste un petit peu sur son p’tit nez pour lui dire oké oké ça va aller tu peux t’envoler. Pis on a volé, pis on a dormi. On a dormi la fenêtre ouverte qui donnait sur Montréal en bleu en blanc pis en multicolore.
 
Il était mon gars-repère dans la ville de Montréal. On était un peu comme deux perdus qui venaient de la campagne sauf que lui il était plus vieux et plus grand pis ça faisait plus longtemps qu’il vivait là, dans son appart de gars de l'avenue Mont-Royal 3ième étage qui donne sur un p’tit balcon croche qui donne sur Montréal et ses états-d’âmes et ses milles corps-oiseaux.
 
Il avait tellement l’air de toujours s’être promené là. Il avait l’air de pouvoir toujours se promener là mais c’était pas comme ça. C’était mon ami-repère qui aimait une femme-momie et moi j’étais une fille-oiseau. Je mettais mes dents dans de petites cages et mes doigts dans de petites cages brillantes. J’ai fais mettre une petite cage en acier chirurgical autour de mon nez, autour de mes lèvres aussi, et de mon nombril, et de mes oreilles, et je cherchais d’autres petites parties de mon corps à mettre en cage pour me sentir mieux, pour moins m’éparpiller, mais je pleurais des fois parce que ça ne marchait pas. Je réfléchissais souvent, j’aurais même mis mes orteils une par une dans de petites cages dorées si ça avait pu changer quelque chose, je les aurais enfermées à clé avec une toute petite mini clé dorée pour chacune des cages et je les auraient portées dans mon cou. Elles auraient fait gling gling gling dans le vent parce qu’elles se seraient balancées sur mon petit corps en cage, sur mon petit coeur en cage qu’il faut mettre en cage parce qu’il se bat beaucoup trop fort tout l‘temps.
 
J’ai su plus tard que c’était une bonne chose que je n’ai pas trop mis de petites parties de moi en cage parce qu’avec le temps le vent et les tempêtes et les chaînes avec des petites clés dorées et les barreaux, ça aurait été très long à démêler.
 
De le voir si enfant et si grand, si poilu, si gars-repère-enfant-perdu qui se promène sur le plateau comme s’il s’y était promené tout l’temps, en rêvant en cherchant, ne faisait plus rien du tout à mon sourire-oiseau. Je souriais avec un sourire en forme de coeur maintenant. Mon sourire-grenade rouge en forme de coeur gonflé prêt à exploser. Un sourire dangereux qui me faisait pleurer des fois parce qu’il était trop lourd pour mon corps-oiseau, parce que je ne l’avais pas imaginé comme ça.
 
Plus tard j’ai su qu’il avait ouvert sa fenêtre pendant l’hiver parce qu’il était un homme-oiseau. Parce que son corps était une grande cage qu’il gardait pleine de passé et de momies.
 
J'ai tout fais pour qu'il ne soit plus mon gars-homme-enfant-repère. Il aurait du être un gars-homme-enfant tout court. Il ne me faisait plus sourire il me faisait pleurer avec les vagues grises sous mes yeux pis toute. On avait volé une fois ensemble au moins, pis c’tait vraiment beau, pis c’tait toute.
 
Plus tard j’ai su qu’il était parti chercher sa momie dans un autre pays et qu’il s’y promenait comme s’il s’y était promené tout le temps. Un pays-hiver. Plus tard j’ai entendu dire aussi qu’il s’était trouvé une femme-repère. Je sais qu’ils ne volent pas ensemble, j’en suis sure. Et quelque part ça me fait du bien.
 
Moi je vis toujours à Montréal. Des fois je m'ennuie de mon ami-repère mais je sais que tout ça, ça s'peu pu. J'me suis habituée à Montréal et quand j'me promène sur l'avenue Mont-Royal des fois j'pense que j'ai l'air de toujours m'y être promené. À chaque fois que je passe sous le balcon croche ça m'fait un p'tit pincement au coeur ça fait comme gling gling gling. C'est comme si je m'y étais un peu accrochée, c'est mon appart-repère de l'avenue Mont-Royal à défaut d'y avoir encore mon gars-repère. Je rencontre des centaines de personnes-oiseaux sans repère qui me font de la peine. Je leur souris quand même. Je leur fais de beaux sourires-oiseaux, on se fait de beaux sourires-oiseaux.

J'suis sure que les soirs de belle nuit de Montréal quand on voit bien la neige qui recouvre toute le sale, les lumières qui s’étirent quand tu plisses les yeux, la neige toute bleue et toute le sale en blanc et en bleu et en multicolore, je suis sure que ces soirs là on peut voir du balcon croche du 3ième étage une belle grande guirlande de sourires-oiseaux et de regards-oiseaux qui flottent et qui dansent au dessus de l'avenue Mont-Royal. Je pense que c'est là qu'ils s'envolent, vers mon appartement-repère.

Je rencontre des centaines de personnes-oiseaux qui me font de la peine. On se fait de beaux sourires-oiseaux. Des fois on s’étourdis pis on s’accroche pour une nuit. On se fait croire qu’on a besoin de ça pour s’empêcher de crasher.
 
 
 
 
 

mardi 5 avril 2011

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Quand on rencontre quelqu’un quelque part qui est triste on le sait toujours tout de suite. Il y a quelque chose qui se dégage des gens triste de tellement triste mais beau mais tellement doux mais quand même si triste. Pis la tristesse de l’autre devient un p’tit peu de la nôtre on la comprends un peu on la sent un peu en tout cas, on l’écoute un peu, je pense, en tout cas c'est comme ça pour moi.
 
Oublie pas
Oublie pas
Oublie pas
Écoute moi
un peu
 
J’aimerais ça que tu m’dise que t’es là même si t’es là. J’aimerais l’entendre de ta voix même si t’es.
Là.
 
Oublie pas mon coeur
Oublie moi pas
Oublie moi pas
Oublie moi don pas
Avant qu’on s’écoeure
 
Quand je rencontre des vieux couples qui se sont oubliés je le sais toute de suite. C’est comme avec les gens triste.

Ils sont triste.
 
Quand je rencontre des gens triste je le sais tout de suite. La tristesse de l’autre deviens un p’tit peu de la mienne je la sens un peu en tout cas, je la comprends un peu, je l’écoute, un peu.
 
Quand je rencontre des vieux couples qui se sont oubliés, je sais qu’ils ne se regardent ne se voient même pas comme on regarde comme on voit quelqu’un qu'on rencontre quelque part. On dirait qu’en plus de s’être oubliés ils ont perdu quelque chose de la vue, la petite partie d‘yeux dans laquelle l‘autre existe, celle qui permet de voir d‘une façon spéciale, la petite partie avec des étincelles peut-être.
 
Les gens qui se sont oubliés ne se regardent pas comme on regarde quelqu’un qu'on rencontre quelque part.
Ils ne s’existent plus.
Ils n’existent plus.

J'aimerais ça que tu m'dise que t'es là même si t'es là. J'aimerais ça que tu vois que je suis triste encore.

Oublie pas 
Oublie moi pas
Oublie moi pas
Oublie pas mon corps.
Ste plaît

J’aime ça,

exister encore.
 

dimanche 3 avril 2011

L'histoire des bonbons qui voulait sortir trop vite

Quand j’tais p’tite avec mon frère on essayait de garder nos nerds le plus longtemps possible, c’qu’on faisait c’est qu’on les mangeait un à la fois on avait pas le droit d’en manger plus, on se donnait le droit après 10 minutes ou 30 minutes ou 1 heure d’en manger un deuxième. Je sais pas si mon frère réussissait à manger ses nerds 1 à la fois mais moi je trichais tout le temps. De toute façon on finissait toujours par s’entendre que c’était trop long pis qu’on pouvait toute les manger qu’on le faisait tous les deux en même temps comme ça y en a pas un qui perdait le jeu.

Dans le fond tout à peut-être commencé comme un jeu, tout commence tout le temps comme un jeu. Pis plus qu’on joue plus que ça devient sérieux pis un jour on est pas capable de manger sa boîte de nerds au complet sans se cacher sans se sentir mal sans se dire qu’on avait raison qu’on avait le droit parce que des nerds ça ce mange comme ça c’est tout pis c’est bon plein de goût dans la bouche en même temps. On s'dis ça pis on s'croit pas.

Ça devient sérieux pis on oubli que c’était un jeu que c’était drôle qu’on calculait pour s’amuser, mais c’est pu l’fun pentoute ça devient frustrant c’est comme si on savait qu’on allait perdre parce qu’on sait qu’on va tricher en cachette pis que de manger plein de nerds tout en même temps en moins de 10 minutes ça sera même plus l’fun qu’avoir plein de goût dans la bouche en même temps ça sera même plus si bon que ça.

Toute commence comme un jeu on pense qu’on est deux pis qu’on a du fun pis on se ramasse toute seul tout le temps à même plus avoir de fun. On se ramasse tout seul dans une épicerie à 10 heure du soir à calculer sa culpabilité pis on se fait à croire que c’est un jeu enwaye encore une p’tite heure une p’tite journée une p’tite semaine pis c’est même pas l’fun pantoute pantoute. On se ramasse toute seul dans rue dans chambre dans le corridor à l'école sur sa chaise au travail c'est pareil pis on s'dis on s'dis c'qui faut s'dire pis on s'croit pas.

Moi mon p’tit corps y é plein de nerds y en a partout partout dedans rempli jusqu’au yeux parce que dans mes yeux y a pas de couleurs tant que ça, c’est pour ça que mes joues changent aussi souvent de couleur c’est pour ça que j’ai plein de p’tites bosses sur les cuisses c’est à cause des p’tites billes multicolores sous ma peau. C’est pour ça que j’goûte sucré c’est c’que tu m’dis tout l’temps c’est parce que j’suis pleine de bon bonbons en dedans.

Quand j’tais p’tite avec mon frère on essayant de garder nos nerds le plus longtemps possible mais ça durait jamais longtemps le pire c’est qu’on se dompte même pas avec le temps on sait que ça marchera pas que ça durera pas longtemps pis on joue pareil à des jeux pas l’fun qui durent pas longtemps mais longtemps finalement pis qui nous remplissent de p’tites bosses pis qui goutent même plus sucré parce que c’est plus drôle. Ça arrive tout l'temps quand on est p'tit on s'invente des jeux qui durent tout le temps après toute s'inspire des mêmes jeux toute la vie on s'dis c'qui faut s'dire pis un jour on s'croit même plus.

Ma langue goûte même plus le sucré ma langue est sucré c’est pas pareil c’est parce que j’ai plein de nerds par en dedans j’en suis pleine mais toute goûte amer toute toute même toi quand tu m’dis que j’goûte sucré pis que tu m’dis moi aussi moi aussi liche moi tu goûte amer toi aussi quand tu te promène avec tes doigts sur mon corps bonbon.

J’m’ennuie de mon frère. Aujourd’hui il parle le moins possible il garde ses mots pendant 10 minutes 30 minutes 1 heure 1 année moi j’pu capable de tout garder ça sert à rien de jouer je fini par parler parler parler je peux pu m’arrêter c’est p’t’être parce que j’ai trop joué à me taire 10 minutes 1 heure des années mon corps bonbon dans une boîte tsé comme les nerds quand tu arraches la p’tite porte les bonbons arrêtent plus de couler c’est là que tu peux pas t’empêcher pis que tu les manges toute même que tu mets la boîte dans ta bouche à l’envers pour pas en échapper. C’est ça que j’suis devenu mon corps-boîte à bonbon est toute viré à l’envers pis ça arrête plus de couleur par ma bouche les mots ça parle ça chiale ça crie ça radote tout le temps ça endure plus rien 10 minutes 1 heure 1 semaine 1 année ça peut plus s’empêcher ça fait toute en même ça sort toute en même temps.

Même les lèvres sur mon corps-boîte à bonbon viré à l'envers goutent amer c’est plus drôle drôle ce jeu là à force, la boîte à l’envers qui se déverse pogne l’humidité c’est toute mouillé pis c’est même plus l’fun.

Je sais pas comment mon frère fait pour continuer à jouer pis à se taire avec ces mots qui sortent pas de sa p’tite porte de son grand corps-boîte à bonbons. Avec le temps c’est plus drôle jouer il doit pas avoir plus de fun que moi le problème c’est qu’on s’est pas entendus on sait pas qui qui l’a callé en premier ok on à le droit de parler ou ben tait toi encore 10 minutes 1 journée encore une coupe d’années le problème c’est que je sais plus c’était quoi les règles du jeu si on s’était entendus sur quelque chose ou ben sur rien pantoute.

Qu’essé qu'y à faite que ma p’tite porte s’est arrachée si on s’est pas entendu.

La seule affaire que j’sais c’est que c’est plus drôle de jouer je m’amuse plus.

La seule affaire que j’sais c’est que tous les deux on a perdu p'tit frère,

on s'aime plus.

samedi 2 avril 2011

terre et mer.

Quand je regarde dans un diamant je sais pas si l’intérieur est vert bleu ou blanc. Je sais pas ce qu’il y a dans le fond de tes yeux si c’est bleu vert ou blanc, s’il y a vraiment un bout ou si c’est juste un grand trou. Je sais pas si le fond de ta tête est vert bleu ou blanc, si toutes tes pensées sont de la même couleur ou si elles se mélangent ou si elles changent ou de quoi elles parlent et si elles pensent et si des fois elles changent d’idée et si des fois elles ne savent pas.
 
Comme moi.
 
Quand je regarde dans un diamant je sais pas si l’intérieur est vert bleu ou blanc. Je sais pas si le fond de tes yeux est vert bleu et blanc parce qu’il y a une mer à l’intérieur si t’es toujours prisonnier de ta mère si t’es amer ou à la mer je sais pas si dans ta tête c’est la dérive si t’as le mal de mer si t’as mal tout court ou si le vent souffle juste assez un p’tit peu ou si tu sais pas le vent il souffle comment ou si tu ne sais pas c’est quoi seulement.
 
Comme moi.
 
Pourtant je rêve de diamants je rêve de ton intérieur de toute ton dedans je veux le savoir par coeur savoir si c’est bleu vert ou blanc ou noir ou jaune et mauve ou orange ou gris juste gris ou toutes les couleurs en même temps.
 
Comme moi.
 
Tes yeux sont pas précis il vente dedans il pleut dedans est-ce que tu savais que j’ai le mal de mer? Depuis que je suis toute petite ça me rends malade.
 
Mes yeux sont presque noirs ils se taisent et dedans dis moi quelles couleurs tu vois ou si tu le sais pas seulement.
 
Comme moi. Je suis encore toute petite et toujours malade. Est-ce qu’on s’habitue à ça est-ce que c’est correct s’il y a du vent juste assez un petit peu est-ce que ça passe avec le temps?
 
J’ai mal en bateau quand ça bouge trop je préfère juste assez un petit peu. Mais j’aime la pluie quand il fait chaud j’aime courir dedans même dans le gros vent j’aime l’eau mais pas dans un bateau, j’aime l’eau quand je sais ce qu’il y a dedans.
 
Mais est-ce qu’une goutte d’eau dedans c’est bleu vert ou blanc?
 
Tes yeux sont comme la mer quand on sait pas ce qu’il y a dedans je voudrais savoir s’il y a des gros poissons s’ils sont gentils ou méchants s'il y en a qui piquent et qui chauffent s’il y en a qui mangent d’autre poissons s'il y a beaucoup d’algues et comment elles sont est-ce qu’elles peuvent s’enrouler autour de mes chevilles ou si elles chatouilles seulement.
 
Pas toi.
 
Toi je te sais, je sais comment tu es grand c’est quoi ta forme comment tu es lourd sur mon petit corps je connais le contour de ton corps tout en ligne parfaite avec les poils qui dépassent je sais que je suis en sécurité avec ton corps tout en contours mais dans l’eau avec ton corps-contour dans la mer sommes nous en sécurité? T’es le corps-contour de quoi? Qu’est-ce qui est mou en dedans qu’est-ce qui rebondi des fois qu’est-ce qui est dur en dessus qu’est-ce qui en dessous chatouille fait mal rire pleurer ou rien du tout? Ton corps-contour en lignes parfaites avec un peu de poil qui dépasse des fois fait le tour de quoi? C’est tu la mer qui de tes yeux descends c’est tu vert bleu ou blanc ou vert bleu et blanc?
 
Je sais pas.
 
Pis ça adonne que t’as de maudits yeux bleus de mer, et moi des yeux silencieux des yeux qui se taisent des grands yeux presque noirs de père.
 
Pourtant je rêve de diamants je rêve de ton intérieur de toute ton dedans de savoir par coeur si c’est bleu vert ou blanc ou noir ou jaune et mauve ou orange ou gris juste gris ou toutes les couleurs en même temps. Je rêve de diamants je rêve de ton intérieur de toute ton dedans de savoir par coeur ton coeur en même temps.
 
Peut-être que je pourrais examiner tes yeux encore une coupe de nuits avant de décider si je nage ou pas dedans peut-être que je pourrais essayer de deviner si c’est vert bleu ou blanc ou peut-être que je pourrais décider que ça peut être n’importe quoi et que je sais juste pas finalement.
 
Peut-être que je pourrais juste mettre une petite partie de moi dedans pour habituer mon corps, peut-être que tu pourrais me mettre juste un peu de tes yeux dans le cou sur les poignets et sur les chevilles pour que mon corps s’habitue à toi tranquillement.
 
Je sais pas peut-être.
 
Peut-être que les mamans et les papas sont tous comme ça et que c’est pas grave si on sait pas, que ça nous empêchera pas d’avoir des enfants bleus verts et blancs, des enfants diamants, des enfants terre et mer.
 
Je sais pas, tu pense qu’on y arrivera même si j’ai les yeux presque noirs et que j’ai le mal de mer?
 
Je sais pas.
 
J’espère.