samedi 26 février 2011

Beau comme février.


C’est une petite chanson pleine d’oiseaux qui chantent qui m’a réveillé. Comme si c’était l’printemps tout d’un coup comme une grosse menterie comme si y avaient ramassé la neige pis qu’y étaient partis avec. J’ai pris mon cellulaire (la chanson sur la menterie)

1 new message \ Marc.

Répondre. Barre qui clignote. Barre qui clignote. Barre qui clignote.

Mes yeux qui clignotent mon corps qui clignote mon coeur qui clignote ma tête qui clignote mes cheveux qui clignotent.

J’ai tiré mon cellulaire sur le lit pis j’ai serré fort les draps autour de moi.

J’ai mal à la tête mal à la gorge mal aux cuisses mal dans le bas du ventre mal entre les jambes mal à mon coeur d’entre-jambe mal à mon p’tit sourire un peu gercé beaucoup mal aimé. J’ai mal à mes lèvres mal embrassées jusque dans l’nez jusque dans l’front fuck j’ai mal à la tête.

Je fouille dans mon lit. J’me fouille dedans. J’ai mal dedans. Je cherche quelque chose pour me pardonner\condamner\expliquer\juger je cherche des indices je cherche à refaire le casse-tête ou c’est que j’ai bien pu comment j’ai bien pu me casser autant la tête en millions de miettes.

Mon lit est plein de bouts de corps\jambes\épaules\pieds\doigts\coudes\langues. Mon lit est plein de langues. Je chasse les langues qui courent dans mon lit j’me frotte j’me gratte je m’arrache la peau, décolle de moi ti corazon va-t-en-va-t-en-va-t-en de mes seins qui clignotent de mes jambes qui clignotent de mon sexe qui clignote.

Je m’appelle Caroline et je ne suis pas un corazon. Va-t-en-va-t-en-va-t-en-va-t-en.

Fuck c’était quoi son message don. Je suis revenu de voyage j’ai hâte de te voir tu m’as manqué j’arrive avec ma langue la même que toi la même que moi ma langue de québécois mon sexe juste comme tu l’aimes d’habitude mes cuisses qui se frottent quand je marche et qui chauffent des fois mes fesses rondes que tu aimes mordre mes orteils poilus que tu t’amuse à mettre dans ta bouche parce que ça m’excite pis ça me chatouille en même temps mes cheveux mêlés que j’veux couper pis que tu veux pas que je fasse couper mes lunettes de hipster d’intello sexy trash mes petites oreilles qui écoutent pas assez mes grosses pattes pour te toucher d’ours du Canada du Canada du Canada du Canada Canada pays froid froid froid. Fuck fuck fuck.

Je m’appelle Caroline je ne suis pas un corazon je clignote comme les pancartes attention attention no trespassing viens pas par là c’est dangereux elle va te bouffer avec sa bouche qui clignote te casser le cou entre ses jambes qui clignotent tu pourrais avoir mal mal mal et mourir au boutte de ton sang sur Caroline qui clignote rouge rouge rouge venez pas par là c’tu clair.

Je cherche mes bobettes au pied du lit. C’est tout le temps là qu’elles se ramassent quand tu fais pas attention quand t’es pressée quand t’as une faim de loup que t’as juste envie de tout dévorer vite vite vite de te faire dévorer vite vite vite d’emboiter tout c’qui se trouve dans le lit pour que ça soit beau beau pis solide solide solide comme si c’était full trippant de monter des meubles IKEA dans un litte à deux en se tirant les cheveux la tête par en arrière.

Les bobettes se cachent au pied du lit dans le tas de couvertes inutiles parce qui fait chaud chaud chaud aux pays des corazons au pays des bobettes fleuries blanches pas complices du tout du tout qui se sauvent vite vite vite pour pas être mêlées à ces jambes brunes là.

Mes vêtements me boudent ils se sont éparpillés dans tout l’appartement revenez sur votre belle cage sur votre belle clôture sur vos beaux barbelés tenir tout ça en place que ça ait pas trop l’air d’un camp de réfugié sur mon corps de trainée.

Mon petit chandail fleuri pis ma p’tite jupe fleurie d’un autre fleuri (maintenant on peut mélanger des fleuris c’est fashion le fleuri c’est inoffensif le fleuri)

J’ai trouvé mes deux p’tits bas en deux p’tites boules collées collées ensemble en dessous de ta chemise carotté. Ta chemise, elle était en p’tite boule froissée sur les p’tits bas en p’tites boules collées. Le soleil qui passait au travers des rideaux leur disait allo allo bon matin vous êtes don ben beaux m’semble qu’on serait du pour un café une journée qui fait beau.

Dehors c’est beau aujourd’hui y va faire beau ça va être une belle journée chaude pour février comme si y avaient ramassé la neige pis qu‘y étaient partis avec loin loin loin peut-être dans le coin des ours du Canada.

En tout cas fuck c’est beau.

Faque je suis allé me laver pis j’me suis fait un bon café.

Tu devrais arriver bientôt.

Quand tu vas rentrer tu seras plus habitué au froid parce que tu reviens d‘un pays chaud (pareil comme moi).
On se chantera des menteries, on se réhabituera ensemble si tu veux, on réapprendra à avoir froid, ça m’dérange pas d’avoir froid.

Dehors y fait beau hein mon p'tit oiseau.

On dirait presque qu’y ont ramassé la neige pis qu’y sont partis avec.
 
 
 
 
 
 
 

mercredi 23 février 2011

J'aime pas les filles.


J’avais mis ma plus belle robe flyée avec des grosses épaules pis plein de couleurs flyées (surtout pas de fleurs dessus c‘est pas flyé). Je ne connaissais personne (c'était les amies-full-fines d'une amie), ça ne me tentait vraiment pas d’y aller mais j’avais promis (à mon amie full fine à moi).
 
Je suis entrée avec ma robe trop colorée qui prends trop de place, j’avais un bel air de boeuf des 70’s parce que ça ne me tentais pas d’être là pis parce que tout le monde accrochait mes épaules de Lady Gaga. Elles se regardaient toutes (est-ce qu’elle est vraiment un peu beaucoup pas du tout plus belle que moi, qu’elle robe j’aurais du mettre ou peut-être des jeans j‘aurais été la seule ça aurait été juste assez trash ça aurait fitté merde j‘aurais du y penser). Elles s’en voulaient d’avoir toutes mis leur petite robe oui-oui-juste-à-l’avant-dans-la-rangée-des-rabais-chez-H&M. Y en a une qui était fière de sa robe Urban Outfitters même pas en rabais oui-oui-j’ai-payé-70$-pour-une-petite-robe-en-soie-bleue-que-je-r’mettrai-jamais. Moi j’avais les cheveux orange et des épaules démesurées. J’étais silencieuse, mais dans mon p’tit ventre de j’ai-mangé-toute-la-journée-même-si-j’avais-un-souper je riais ben ben gros. Maudit que les filles s'aiment pas.
 
Sur la table d’à côté une fille chicanait son amie parce qu’elle textait à table et que c’est vraiment vraiment pas poli de texter avec ses amies. À côté de moi la nouvelle blonde de chose riait (le genre de fille que tu peux juste dire quand tu parles d’elle: tsé la fille qui rit) De l’autre côté y avait les filles qui chuchotent (les filles qui chuchotent sont dangereuses). Devant moi la responsable de l’appareil photo. THE responsable, parce qu’une soirée à pas vraiment existé si tu peux pas te tagger dessus 3 jours après (mais juste sur les photos ou t‘es vraiment belle à ton goût bon profil pas de double menton où t‘as pas l‘air de faire un bisou voulu mais juste un peu pour creuser les joues).
 
- Mais prenez une photo de ça non mais attends je suis pas prête je veux voir je veux la voir JE VEUX LA VOIR oh merde mon glooooosssss!
 
Ça criait beaucoup pour un champ de fleurs pis moi je riais gros gros dans mon p’tit bedon pis dans mes grosses épaules colorées des 70’s. J’avais une bonne bouteille de vin avec un bouchon qui se dévisse du dépanneur d'à côté, j’étais une vraie rebelle, je buvais du vin cheap devant tout le monde (une adulte va à la SAQ et boit du bon vin). Je grugeais mes ongles turquoises à table (vraiment vraiment pas poli) et je fumais des Gauloises (oui oui pis j’essaye même pas d’arrêter). Opération passer une bonne soirée.
 
J’ai ouvert ma bouteille de vin cheap (moi même) pis j’ai commandé un spag gratiné. Je les ai regardé même pas finir leur assiettes en disant non non oui oui c'était bon mais j'ai même plus faim (y a pas de filles qui ont même plus faim au restaurant y a juste des filles qui veulent pas engraisser).

Après c’est un peu flou. Je me suis écorché les genoux. Je me suis réveillé chez Paul 28 ans qui à un permis de conduire de classe 5 et qui ne m’a même pas enlevé mes bobettes fleuries de chez H&M (ahahahahaha).

J'aime pas les filles.
 

lundi 21 février 2011

La déprécieuse


J'étais encore en train de lui crier après écoute-moi-écoute-moi-écoute-moi-don-écoute-moi. Il riait pis ça me mettait encore plus en furie.

Toute ma vie, tout le monde m'a envoyé me faire coudre. C’est de ma faute, je cherche le bonheur où y en a pas (j’appelle ça ''croire'' quand je feel comme croire-en-tout-la-vie-c-est-beau-tout-le-monde-est-bon-all-you-need-is-love-imagine-all-the-people, masochisme les autres jours). Avant j’étais polie polie mais maintenant je crie. Je passe mon temps à crier mais aujourd'hui c'était pas pareil. D'habitude je crie parce que j’y prends plaisir (des fois j’men rends même pas compte j’suis en train de fendre de la bouche je pense)

C’était grave.

Je criais parce que je savais plus quoi faire d'autre (des fois j’avoue y me vient des idées de briser des choses, même de te frapper).

J'me suis mis à crier aide-moi-aide-moi-aide-moi-aide-moi-aide-moi-j-ai-besoin-d-aide c’est sorti tout seul j’étais surprise, j’avais besoin que tu m’aides pour de vrai de vrai avec plus que tes bras autour de moi pour une fois pis demain on verra.

Je criais tout le temps (crie pas au loup quand il va être là personne va t'aider j-ai-besoin-d-aide-j-ai-besoin-d-aide-j-ai-besoin-d-aide  aouuuh aouuuuuuh) Criss de loup y m’suit partout.

Lui, c'était mon dit-amant (brillant-brillant tsé comme ceux qui sont tellement brillants pis qui le savent pas pis que ça les rends encore plus beaux). C'était mon dit-amant aux petites oreilles.

Va-te-faire-coudre-va-te-faire-coudre-va-te-faire-coudre. Il riait il disait que c'était sa façon de pas faire de drame moi j'étais la grande drama queen de la maison c’était é.p.o.u.v.a.n.t.a.b.l.e.


Il riait il disait va-don-te-faire-coudre moi j’entendais cesse-don-d-être-toi-cesse-don-d-être-toi-cesse-don-d-être-toi.

Peut-être que s’il avait écouté quand je criais il aurait entendu apprends-moi-don-à-chuchoter-envoye-personne-veut-me-montrer-je-rêve-de-chuchoter-dans-ta-belle-petite-mini-minuscule-oreille.

Je sais pas s'il a écouté à ce moment là mais il m’a regardé (c’était silencieux tout à coup j’entendais juste le cri du loup). (Criss de loup qui m‘suit partout).

Il a dit avec ses grands yeux qui comprennent tout d‘un coup:


Toi, t’es ma p’tite déprécieuse à moi.

Oké.


J’ai boudé. (C’est ma façon de dire merci.)
(Je me suis fermé la bouche et je me suis mis entre parenthèses (pour ramasser mes petites miettes))

Merci.
(promenons-nous dans les bois pendant que le loup n'y est pas)


Pis demain ben, on verra hein.

vendredi 18 février 2011

Mon p'tit chat.


Moi j'vis avec quelqu’un qui prends tout au pied de la lettre. Ça fait des conversations très linéaires, si tu suis juste le pied des lettres. Moi j’leurs casserais toutes leurs jambes aux lettres. J’leurs garderais juste leurs p’tit cass. Ça serait plein de sursauts, la vie. J'dis ça mais j'vis avec quelqu’un qui prends tout au pied de la lettre pis c’est ça qui est ça.

Le pied des lettres ça fait toujours une maudite ligne droite, c’est tout droit comme les lignes sur lesquelles on écrit, sauf qui à des cassures, y a toujours des maudites cassures, tu peux pas écrire avec une règle, faut que tu la lève ou que tu repasses après pour casser la maudite ligne.

Y a toujours des cassures entre nous. Y a des cassures sur notre ligne droite qui fait biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiippppp comme le maudit répondeur quand j‘appelle tout le temps pis que t‘es unreachable, comme la maudite sonnette de porte comme le réveil matin qui nous démêle les jambes le maudit biiiiiiiiiiiiiippp, l’ostie de comique de bip.

Le Q par exemple. Il l’à transperce la belle ligne le Q, avec sa maudite queue. Le Q, c’est un problème dans notre belle vie comme une belle ligne. Le Q, c’est comme une maudite abeille qui te pique pis qui te laisse sa maudite queue (dard) en dedans de ta peau après qu’elle se soit vidée qu’elle soit toute vide que l’abeille aille pu rien à faire avec. Ça fait mal ostie de comique d’abeille, de queue, de Q. Ostie de comique de Q.


Ma vie c’est comme une ligne mais des fois les lignes elles tournent à droite, elles tournent à gauche, des fois les lignes elles tracent le contour des choses mais c’est tout c’est tout c’est tout.

Moi j'vis avec quelqu’un qui contourne les choses mais c’est tout. Il aime bien les lignes il écrit il dessine. Il peut faire des lignes sur mon corps avec ses crayons il peut dessiner des étoiles et des soleils. Il nous a dessiné une belle maison mauve avec des arbres autour et un chien qui court. Il peut écrire t’es bien ou t’es pas bien sur mes cuisses sur mon ventre sur mes seins. Mais mon ventre en dedans est toujours vide, mes cuisses mes seins mon coeur ma maison les arbres le chien sont vides vides vides.

Moi j'vis dans une belle toile d’araignée pleine de belles lignes bien tracées bien tissées. J’ai envie de remplir mon ventre mon coeur ma maison. Je tricote je tricote je tricote avec les maudites lignes. J’ai fais milles foulards milles tuques parce que de toute façon c’est tout le temps l’hiver tout le temps l’hiver tout le temps l’hiver qui tombe en belle ligne droite qui glisse en belle ligne droite qui gratte en belle ligne droite.

Moi j'vis avec quelqu’un qui prends tout au pied de la lettre. Des fois je m’ennuie de la pluie. Des fois j’me dis que l’orage aurait plus d’allure.

Une boîte de carton c’est parfait. C’est juste fait en coins pis en lignes. C’est rien une boîte de carton.

Des fois j’m’ennuie de la pluie. J’pourrais chercher dequoi à mettre dans mes boîtes de cartons. J’pourrais me mettre sur le coin d’une rue pis vendre mes tuques pis mes foulards dans des boîtes de carton.

J’pourrais me mettre dans une boîte de carton sur le coin d’une rue pis écrite chatte à donner dessus.

Des fois j’m’ennuie d’la pluie. L’orage aurait plus d’allure.

Mettez-moi quelque chose dedans (c’est une vraie demande j’vous l’demande à vous). Quelque chose d’autre que la maudite queue d’un Q. C’est vide y à rien là-dedans vous cherchez toujours là je l‘sais j‘pas conne j‘vous vois j‘ai cherché là longtemps.

Mais ça remplit pas pour vrai ça fait pas la job. Tu te réveille au p’tit matin ou tu voudrais partir en pleine nuit parce que tu te sens pas plus pleine parce que ça te vide ça te mange le dedans du ventre faut que tu t‘en aille sinon ça va t‘aspirer l‘intérieur pis ça pourrait être intolérable. T’as le ventre pis le bas-ventre vide pis tu te dis que bientôt tu vas avoir trente ans.

Bientôt j'vais avoir trente ans. J’arrache des p’tit bouts de ligne avec mes dents, j’gruge les contours de c’que tu m’dis, avec tes maudits pieds de lettre j’me construis un p’tit nid sec.

 J’ai le ventre vide pis j’fitte encore juste entre les lignes.

Je m’ennuie de la pluie.

J’irais ben manger une grosse poutine, me foutre dans une boîte sur le bord de la rue pis écrire chatte à donner dessus.

Peut-être que quelqu’un me piquerait avec sa maudite queue-de-son-maudit-Q-dans-ma-belle-ligne-de-mon-corps, mais peut-être que quelqu’un de smatt me trouverais aussi, quelqu’un de doux pour me flatter dans l’sens du poil, suivre la courbe de mon dos pis mes sursauts, embarquer dans les montagnes russes, crier, envoyer chier les maudites lignes pis me remplir le bedon.

Me faire un beau bedon tout rond faire des ronrons pis des petits chatons.

Peut-être avant trente ans. Peut-être qu’on pourrait s’dire comme mon papa disait dans l'temps. T’as de belles lignes de bonheur autour des yeux. T’as de belles lignes de bonheur autour des yeux mon p’tit chat. J’aimerais ça qu’on se dise ça. Mon p’tit chat.
 

jeudi 17 février 2011

Cabotine



Une fille c'est beau,
c'est comme une belle chanson.

Y a juste les filles qui sont comme la musique.

Un gars,
c'est plus comme une toast au nutella.

lundi 14 février 2011

Ensemble on pourrait s'aider.


Tu m'as dis: enwèye enwèye, faut que tu viennes on va acheter d'la pizza pis d'la bière, faut que tu viennes t'es ma meilleure amie t'es ma p'tite soeur on va tripper j'ai besoin d'aide.

Je t'ai dis: ouin ouin j'va venir, c'est sur, j'suis ta meilleure amie j'suis comme ta petite soeur ahahahahah ta meilleure amie, oui, c'est sur, ta petite soeur (après deux fois tu mens) Ouin, comme ta p'tite soeur. ahahahahahah.

C'était pas drôle pentoute.

Ça me faisait chier. Je déteste les déménagements. Mais je suis ta meilleure amie, ta p'tite soeur. Ta p'tite soeur. Ta p'tite soeur.

Ça faisait des mois que tu restais avec elle pareil. L'appart était en train de devenir tout gris pis toi avec. C'était l'temps.

J'ai acheté une pinte de peinture rose juste pour toi mais j'te l'ai pas dis, c'était mon cadeau surprise de déménagement, ma pendaison de crème-à-l'air, à l'air de blondasse, c'était ma pendaison de blondasse, c'est plate que t'ai manqué ça dans ma tête, c'était tellement jouissant.

En entrant toute excitée je l'ai mis dans le malaxeur. Tu m'as chicané mais tu m'en veux pas, tu m'en veux jamais, je suis comme ta p'tite-soeur-ta-p'tite-soeur-ta-p'tite-soeur.

J'tai dis: je m'excuse j'ai oublié le couvercle. Tu m'as pas demandé pourquoi j'avais mis une pinte de peinture rose dans ton malaxeur. Moi j'ai ri. J'avais fais une grosse tache dans votre gris. J'suis tellement rusée.

Tu m'as mis en charge du ménage dans ton nouvel appart. J'ai attendu les camionneurs. Je t'ai attendu. J'ai r'niflé tous les coins pour être certaine qui avait pas de bébittes ou de p'tit chaperon blond quelque part. Ici c'était grand, c'était blanc, c'était tout à repeindre, tout à recraindre. C'est toujours comme ça y parraît quand t'es celle qui fais le ménage, après.

J't'ai dis: mais qu'est-ce que j'va leur dire si y arrivent avant toi, y savent pas j'suis qui j'va avoir l'air d'une voleuse d'un bandit. Tu m'as dis: t'as qu'à leur dire que t'as volé mon coeur ahahahahahah. t'as volé mon coeur c'est quétaine t'as volé mon coeur (3x).  ahahahahah.

C'était pas drôle pentoute.
Tu m'as dis: t'as qu'à leur dire que tu m'aides.
Ok.

Y sont arrivés, t'es arrivé,
j'ai même pas pu dire à quelqu'un que je t'aidais.

J'ai gardé ça pour moi comme une gentille petite fille, mais en cachette j'ai mis une pinte de peinture rose sous l'évier, au caz où. On a mangé d'la pizz pis on a bu de la bière comme des cochons. Après ça t'étais fatigué c'est normal t'avais eu une grosse journée. Tu t'es endormi dans le divan gris.

Avant de partir j'ai refais un p'tit tour juste pour être certaine pis en passant devant le divan, j'tai chuchoté dans ta belle petite oreille: je t'aide Paul.

Je t'aide vraiment, vraiment beaucoup.

dimanche 13 février 2011

Ça faisait longtemps que j'te cherchais. On s'était toujours un peu couru après sans jamais se trouver. On se touchais souvent en dessous des draps la nuit, t'arrivais comme un bandit ou c'était moi, tu me faisais respirer fort pis un de nous deux partait au petit matin, le plus souvent c'étais toi. J'te cherchais partout. Tout c'qui restait, c'était un tas de kleenex pis une ordeur de brosse. On se touchait beaucoup, on se creusait, on voulait trouver quelque chose, on tassait, on brassait des affaires, on se faisait croire qu'y avait quelque chose en dessous du tas de corps qu'on était.

On était des enfants.

On se mentait, on jouait, on riait, on criait¸ tout autour c'était plein de monstre-d'en-dessous-du-lit.

En sortant de l'avion j'ai mis mon masque de princesse comme dans l'temps pour que tout soit parfait parfait, pour que tu t'en rende pas trop compte, au cas où c'était plus pareil. T'es arrivé avec un café parce qu'il faisait très très froid chez toi. J'étais mal à l'aise. Tu pouvais pas créer ce contexte là, ça existait pas pour de vrai, on se trouverait jamais, on le savait, on essayait quand même, on faisait exprès. On se mutilait, on creusait, on se déterrait, on avait pas le droit. J't'ai déterré longtemps pour ça. T'aurais pas du essayer. T'aurais du me protèger, tu voyais ben que j'allais me planter avec mes p'tits jeux d'enfants. Tu m'a proposé viens-ten-pis-reste-pour-toujours, maintenant je sais que des fois on dis des choses qu'on pense pas.

J'ai dis à-moitié-oui, j'y allais pour revenir, pour allez-retour, pour aller fouiller par là si y aurait pas dequoi au cazou, pour me baigner dans mon jus, pour m'ouvrir en quatre. J'croyais que j'étais en humour, c'était une vraie joke, c'était à mourir de rire,

c'était vraiment triste à pleurer.

J'avais grandi, mais j'étais toujours aussi maladroite. Je m'emmêlais dans mes cheveux je tombais du lit je manquais des marches, un soir j'ai même renversé notre souper par terre. Mais j'étais en train de devenir une femme. Comme elles je gardais mes mots dans ma gorge. Je retenais mes sanglots. J'avais peur. J'aurais voulu être plus grande plus fine plus maigre plus intense plus sophistiquée.

J'étais effrayée.

J'te regardais faire ton show de air guitar en courant partout dans le salon pis j'me disais que tu étais une vraie star du rock, que tu étais tellement beau, que tu étais tellement pas à moi, que je t'avais jamais eu et que je t'aurais jamais. Je savais que je m'en retournais et que ça serais fini demain. Que je regretterais de ne pas avoir trouvé, que j'aurais du, que si j'avais, que peut-être que si au moins.

Alors ce soir là j'ai tout embrassé avec mes yeux. Les murs le tapis les draps du lit ta montre qui traine sur le plancher le son de ta douche le goût des épices dans le spaghetti l'air froid l'odeur de ton auto ton cou ton dos etcetera pis l'aéroport.

Quand je suis repartie par le gate fifteen, j'ai fais une femme de moi pis j'ai pas regardé derrière. J'ai pleuré dans l'avion, j'ai écouté une comédie romantique plate à mourir et je suis revenue dans mon pays froid moins froid que chez toi.

En défaisant mes bagages trois semaines plus tard, j'ai remarqué que j'avais oublié de ramener mon masque de princesse. Pis t'es disparu pour de bon. Des fois je trouve ça plate qu'on ait jamais rien trouvé, des fois j'ai comme un p'tit trou dans le ventre.

Aujourd'hui, je sais que tu es vraiment devenu une rock star. Je sais que tu as trouvé quelque chose, mais quoi, je sais qu'elle a les cheveux longs, mais pour tout le reste je sais pas.

Moi je suis toujours aussi maladroite, mais je fais de bons repas. Je sais reconnaître le bon vin, je croise les jambes, je rentre le ventre, je me tiens le dos droit, je me suis coupé les cheveux très courts et des fois même, je lève le p'tit doigt.

Tsé, ce fût bref mais un jour, j'ai été une princesse. La princesse d'une rock star. Pis quand j'y repense, ça me rapelle que j'ai déjà été une enfant. Pis quand j'y repense, ça me rapelle que ça m'a laissé un p'tit trou en dedans.

vendredi 11 février 2011

tout nu.

T'es le premier d'la place que j'ai jugé. Tes chaussures sont vraiment laides, t'es ben trop Yellow sport. C'est sur que tu seras jamais mon mari. C'est sur, pas comme c'est sur mais on sait pas au cazou, c'est sur comme tes chaussures sont vraiment pas à mon goût. C'est sur, mais j'ai envie de m'amuser pis tu sais quoi t'as gagné, c'est toi mon croque-monsieur à soir.

C'est à cause de ta barbe Yellow sport. J'aimerais vraiment vraiment ça, me faire grafigner par ta barbe Yellow sport.

Come on viens don dehors, on va trouver un lac tu vas pouvoir enlever tes souliers. Y va faire juste assez chaud juste assez froid pour qu'on se frotte avec nos bras, on va ratatiner ça va chatouiller les pieds pis on va se coller fort pis tu vas me grafigner avec ta barbe Yellow sport.

Envoye don envoye don, j'ai full le goût de m'faire grafigner par une barbe Yellow sport tout nu pieds.

mercredi 9 février 2011

Bonjour.

Tous les matins je me lève 2 minutes avant que le cadran sonne. J'ouvre les yeux. Je désactive l'alarme. Je regarde le lit vide à ma droite. T'es toujours pas là. Je soulève le drap. J'enfile ma robe de chambre et mes pantoufles.

Pendant que je me dirige vers la salle de bain, j'entends le sifflement de la machine à café.
Je prends ma douche.

Tous les matins je bois mon café. Je mange une toast au beurre et un demi-pamplemousse.
Je flatte les chats. Je sors. J'ai mal aux yeux. Je traverse le jardin. Je ferme la clôture. Je fais un signe de tête aux deux personnes qui attendent l'autobus. Je débarque au 6ième arrêt.

À 5h12, je prends l'autobus dans le sens inverse. Le mardi et le jeudi j'arrête au marché. Je fais le tour de toutes les allées.

Je referme la clôture derrière moi. Je traverse le jardin.

Aujourd'hui je referme la clôture derrière moi.

En traversant le jardin je perds pied.

J'ai écrasé une grenouille.

À tous les soirs je rentre. Je me fais une salade. Je mange devant la télé. Je vais prendre une marche. Je referme la clôture. Je mange 2 carrés de chocolat noir. Je pose mes pantoufles et ma robe de chambre au pied du lit. Je remets l'alarme. J'ouvre un livre.

Je ferme les yeux.


Ce matin je me lève 2 minutes avant que le cadran sonne. J'ouvre les yeux. Je désactive l'alarme. Je regarde le lit vide à ma droite.
J'pense qu'hier j't'ai tué. 
Je soulève le drap. J'enfile ma robe de chambre et mes pantoufles.

Pendant que je me dirige vers la salle de bain, j'entends le sifflement de la machine à café.


Je prends ma douche. Je bois mon café. Je me fais une toast au beurre.

Et je rajoute une grosse couche de Nutella.





mardi 8 février 2011

(Elles volent autour de moi, elles ne se posent pas)

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lundi 7 février 2011

Si le loup y était, y nous man-ge-rait.

Y m'a dit réserve ta soirée pour moi. On se connaissait pas du tout dans c'temps-là. J'ai menti j'ai laissé tomber une amie pis j'ai réservé ma soirée pour lui. C'est con comme ça, c'est c'qu'on fait dans c'temps-là.


On est partis tout droit, on a piqué au travers de la ville, on avait pas encore de trail de tappée, on a improvisé. Y m'a dit tu chiales pas trop j'me suis dis tu m'connais pas trop même qu'en y repensant je lui ai sûrement dit aussi.


On a marché jusqu'à temps que je chiale tout haut pour de bon c'était fini j'avais mal aux pieds au dos j'avais faim comme l'expression je me mange l'intérieur.


On s'est plantés devant plusieurs restos. On savait pas c'qu'on voulait. T'as l'goût d'quoi j'sais pas pis toi j'sais pas j'sais pas. J'avais surtout envie de vin le problème c'était de trouver c'était pour boire avec quoi.

C'était pour boire avec toi.

On est passés devant le resto avec les plus beaux murs et les plus belles lumières, on a décidé que c'était là, c'était notre shack au bout de notre trail au bout de notre soirée réservée pour lui.


On est allé s'acheter beaucoup de vin pis on s'est assis dans l'shack sur une belle grosse table en bois. La serveuse avait des boucles d'oreilles en bouchon de coca-cola. Il m'a dit elle a de belles boucles d'oreilles, il lui a dit tu as de belles boucles d'oreilles, elle nous a dit la crème brulée est pas super ici.

J'ai pris une crème brulée pis elle était pas super ici.


On est sortis, il m'a dit viens je vais te faire découvrir un endroit que j'aime marchons dans les bois allons voir si le loup n'y est pas. On a bu de la bière on s'est bien étourdis pour être prêts à retourner sur notre trail dans la nuit.


Je l'ai tiré par le bras je me suis tirée par terre je lui ai dis regarde les étoiles comme c'est joli. Le sol était froid il craquait sous notre poids, je me suis dit criss c'est don ben romantique avec toi.


On a retrouvé le chemin facilement on a retrouvé l'appart facilement criss que c'est facile avec toi.


Ça sentait la boule à mites le plafond brun pis les murs en stucco chez moi. J'ai regardé l'enseigne croche qui me disait bienvenue-encore-quand-même-tu-rentres-tard.

Je me suis dit criss que c'est chaleureux avec toi.


Il est monté à pas de loup je pense qu'il est allé se déshabiller. Moi je me suis retournée pis j'ai envoyé un bec aux petits bambis je leur ai dit bonne nuit-ne-vous-en-faites-pas-le-loup-n'y-sera-pas.


Ensuite je suis montée me déshabiller pis le loup m'a croquée.
J'ai eu une marque pendant 2 semaines, c'est comme ça que tout a commencé.


dimanche 6 février 2011

Fuck les princes charmants


Fait pas de saut en rentrant,
j'ai donné un bon coup de couteau dans le flanc de ton cheval blanc.

samedi 5 février 2011

Ce matin



Toi tu dors dans ta chambre pis moi j'suis évachée sur le divan du salon en p'tites bobettes-avec-un-cornet-de-crème-glacée-trois-étages-dessus. J'ai chaud je sens encore le dodo j'ai les yeux collés les joues picotées pleines de graines de mascara.

Toi tu dors dans ta chambre pis j'me dis que j'devrais peut-être aller te réveiller me coller contre toi entrer dessous les draps chauds qui sentent encore le dodo tacher de mascara ton dos.

Moi j'suis évachée sur le divan en p'tites bobettes pis si j'vais dans tes draps tu vas me souffler j'ai envie de toi pis ça va puer pis j'sais pas.

Toi tu dors dans ta chambre pis j't'imagine en train de manger de la crème glacée. T'es bon pour ça mais j'te laisse pas faire parce que j'sais pas j'connais pas encore ta saveur préférée.

Un autre matin peut-être que j'te réveillerai avec un cornet de crème glacée trois étages. Tu m'diras c'est bon c'est sucré c'est tout mouillé. Tu vas en avoir plein sur le nez sur le menton pis tu vas m'embrasser. Je vais en avoir plein sur le nez sur le menton pis je vais te rendre ton baiser.

mercredi 2 février 2011

Capt'ain crocheur



À force de trainer avec eux pis de travailler à les décrochir, elle va ben pogner que'ques plis, que je les entends dire. Ou ben, y faut être un peu tsé-tu-sais-de-quoi-j'parle pour faire affaire avec c'te monde là.
Tout le monde est tout croche, monsieur-madame-chose-toé-de-ton-p'tit-nom. Tout c'quon veut dans vie c'est trouver quelqu'un sur l'même penchant que nous autre. Pis fuck le reste. Moi j'traine mon équerre pis je vous emmerde.
Le p'tit Jésus la, bon. Le plan c'est qu'on est tous des p'tites cheminées toutes drettes sur la terre. Tu vois le dessin de maison d'un enfant? C'est de ça que j'te parle.

Y vont dire, oui mais eux autres, les as tu vu le premier, le tchek, Jésusse Kraiste. As-tu déjà mis un pied dans leur gougounes?

Moi j'rentre dans mon demi-sous-sol-quatte-et-d'mi-quartier-moncalm-drette-sul-bord-des-plaines pis tu m'as pas vu le vendredi parce que j'vire croche en tite-mattante moi aussi.

J'suis le cap'tain crocheur,  j'les aimes les tout croche. J'ai trouvé du monde qui penchait su l'même sens que moé pis j'suis ben dans mes gougounes. Kraiste!